Du nouveau dans le monde du Toki Pona

Lun 01 février 2021

Il y a quelques années de cela, j'abordais le sujet des langues construites, et de toki pona au bout d'un article dont la longueur me fait nostalgir. Bien des choses se sont passées depuis.

J'ai d'abord échoué une première fois dans l'apprentissage de cette langue (manque de discipline de ma part, j'en conviens). Puis, parce que parfois, un mal vaut un bien, il y a deux ans, j'ai eu suffisamment de temps pour me l'approprier, en un peu plus de 15 jours, en utilisant l'application Memrise, et en me forçant à m'acculturer au maximum. Difficile de dire quel est mon niveau, mais je pense au moins être capable d'exprimer mes idées, même moyennement complexes sans trop d'hésitation, à l'écrit comme à l'oral. En revanche, je ne pense pas pouvoir suivre une conversation trop rapide/poussée et quand je lis du toki pona, je le lis assez lentement.

Mais bon, l'apprentissage a été plaisant, et j'éprouve une certaine satisfaction à réussir à trouver une traduction pour une phrase, une citation, un proverbe, un mot du langage courant. C'est amusant, même.

Décidé à porter moi aussi la bonne nouvelle, j'ai même réalisé une version francophone des "Twelve days of Toki Pona", de jan Misali. La version originale déroule 12 leçons qui donnent toutes les bases nécessaires pour apprendre cette langue. La version transcrite est disponible sur ma "chaine Youtube", (wow, regarde, maman, j'suis un youtoubeur !) dans la playlist "12 jours de toki pona". Et en prime, il existe aussi une version en espagnol.

J'ai eu de très bons retours sur cette série de vidéo, et si ça t'intéresse, tu peux apprendre cette langue en quelques jours/semaines et comprendre en quoi ça peut être amusant et enthousiasmant de dire "ouais j'ai appris une langue en quelques jours, pas mal, non ?"

Mais assez parlé de moi.

En ce moment, le landernau de toki pona est en train de s'ébrouer agréablement. La communauté des locuteurs grandit de jour en jour, apparemment. Il est évidemment difficile de savoir précisément quel est leur nombre, mais quand on observe l'activité du subreddit ou de la communauté Discord "ma pi toki pona", c'est certain : il y a plus d'arrivées que de départs. De plus en plus de gens prennent le temps de s'intéresser à cette étrange langue, s'en servent pour discuter avec des gens de cultures radicalement différentes, et visiblement avec succès.

Encore plus récemment, deux initiatives forment une sorte de fer de lance dans la propagation de toki pona.

lipu tenpo est un vrai magazine complètement écrit en toki pona. Le premier numéro vient à peine de sortir et est disponible au téléchargement ; une maquette assez bien fichue, quelques illustrations assez chouettes… il utilise dans la mesure du possible les mots "officiels" et quelques mots "communautaires" (c'est à dire, qui sortent du toki pona "académique" et sont habituellement utilisés par les locuteurs des communautés des Internets). D'ailleurs ces mots non-officiels sont expliqués dans un glossaire, pour plus d'accessibilité. C'est principalement un magazine à propos de toki pona, mais pas uniquement. On y parle par exemple du jeu vidéo Among Us, on y raconte une petite histoire à propos d'un petit dragon (akesi seli), il y a deux délicats poèmes et même un jeu de mots-croisés, etc. Il n'y a que la quatrième de couverture qui soit en anglais, pour aiguiller l'internaute un peu décontenancé par le contenu 100% conlang.

lipu kule est un blog collectif entièrement en toki pona, destiné à expliquer l'étymologie de certains mots, donner des liens vers des outils en toki pona, ou exprimer des concepts bien plus complexes que je ne l'aurai imaginé — est-ce bien une explication de la mécanique quantique en toki pona que je viens de lire ? Je dois quand même t'avertir : la lecture est d'un très bon niveau, je ne peux pas vraiment le recommander aux débutants.

Ces deux initiatives marquent à mon humble avis une étape intéressante dans la vie de cette langue construite. Tout d'abord, ce sont des créations originales. On ne se contente plus de traduire des textes connus comme "Le Petit Prince" ou "L'épopée de Gilgamesh". Mais attention, ce n'est pas pour autant la fin du "smalltalk", parce qu'il est toujours amusant de tailler la bavette en mode "conversation frivole".

Mais aujourd'hui, les locuteurs sont suffisamment nombreux pour que ces publications intéressent un public grandissant, avide de nouveautés. Une idée en entraînant une autre, ça ne m'étonnerait pas qu'un autre groupe de tokiponistes se décide à publier autre chose dans ce goût-là.

Il existe déjà quelques œuvres originales dans des formats aussi divers que des jeux vidéos, des chansons, des bandes dessinées, des vidéos-clips, des interviews, des sketches ou des livres d'histoire. Je gage que le nombre de ces initiatives va grandir et prendra des formes jusqu'ici insoupçonnées.

L'année 2021 verra la célébration du 20ème anniversaire de la création de toki pona par Sonja Lang.

Boris Dia

Ven 23 novembre 2018

J'ai rencontré Boris Debove à la faveur de mon stage dans une société de la pépinière d'entreprise, à la Technopôle de Bidart, à l'été / automne 2000. Tandis que je m'échinais sur du Java pour alimenter un projet un peu foutraque, il essayait de monter sa Web TV. Projet également foutraque si on se rappelle bien l'état des connexions internet de l'époque.

Mais il y croyait.

Vraisemblablement, nous avons dû nous croiser dans le hall, à la machine à sous, celle qui distribue la boisson-qui-fait-dormir-quand-on-n'en-boit-pas. Probablement plusieurs fois par jour, l'air sous-caféiné, en recherche d'inspiration. Je n'en ai pas de souvenir précis, mais c'est sans doute lui qui m'a tapé la causette, présenté son projet et tout le toutim. Il était comme ça. En 5mn, tu étais son pote, il avait ton prénom dans la tronche et il t'avait convaincu qu'il allait réussir.

Et puis nos chemins se sont séparés. Je ne savais pas à l'époque que j'allais faire mon trou dans le Pays Basque et m'y installer pour de bon. Je ne savais pas que j'allais rejoindre Arobasque Informatique, y rencontrer le président de l'association de Roller, réparer le forum de discussion du site, commencer à taper la tchatche avec ses membres, m'y insinuer progressivement et y "bloguer" d'une certaine manière, en envoyant plusieurs messages par jour sur les thèmes qui me plaisent, balancer des hyperliens sur tout et n'importe quoi. Je ne savais pas non plus qu'après plusieurs flamewars le forum serait fermé, réouvert, refermé pour une durée indéterminée.

Et j'ai ouvert Je Hais Le Printemps à ce moment-là.

Il n'a pas fallu longtemps pour que Boris me retrouve. Il a dû écumer les internets de la Côte à un moment, tomber sur ma loghorrée et m'envoyer un petit mail pour s'annoncer en tant que voisin. On a dû papoter par commentaires interposés pendant une période ; peut-être même qu'on a dû boire un café en ville. Il a eu par la suite cette riche idée de proposer de rassembler les blogueurs du coin pour le célébrissime Carnet Bayonnais.

C'était lancé. Je ne sais pas combien il y a eu de Carnets, par la suite... je dirai au moins 30 ou 40. Des sujets de discussions, nous n'en manquions jamais. Des éclats de rire. Des envolées lyriques. Des coups de gueule, parfois. Des échanges, toujours. Des tablées plus ou moins larges, des saisons plus ou moins belles. Des projets, commencés, procrastinés, oubliés. Avec toujours, en ligne de mire, Bayonne. Les tours de la cathédrale comme un pôle magnétique, l'Adour comme une plume argentée sur l'horizon, la Nive comme un fossé à franchir d'un bond.

Les blogs, c'était beau ! c'était la vie ! c'était la politique à portée de clic, l'écrit, le partage, la réflexion, l'intercommunication, les liens, la frontière ténue entre le journaliste et le citoyen.

Si je ferme les yeux, ce que je vois, c'est son regard. Il écoutait les gens avec une acuité rare. On aurait dit qu'il se nourrissait d'eux. Et plus encore s'il avait face à lui un passionné, quelqu'un qui était intarrissable sur un sujet ou un autre. Même si le sujet le touchait de très très loin, il le laissait parler, le relançait de questions, essayait de comprendre, d'apprendre, d'englober la personne de toute sa bienveillance pour libérer sa parole. Et au fond, deux prunelles brillantes de curiosité intellectuelle, celle qui est la plus noble, un regard pétillant au coin d'un sourire.

Ça fait mal de se remémorer ça en se disant qu'on aurait dû continuer à se voir. Ça fait mal de se dire qu'on aurait pu discourir et refaire le monde durant toutes ces années où nous n'avions plus ce rendez-vous régulier.
Ça fait mal d'avoir des regrets.

Aujourd'hui, Boris, tu n'es plus.

Tu étais pixel et tu redeviendras pixel.

Tu t'es dématérialisé pour un ailleurs inaccessible, au-delà du firewall. La communication est définitivement rompue et tous les protocoles d'accès sont inutilisables.

Et non seulement ce n'est plus possible de s'adresser à toi numériquement, mais par-dessus tout nous n'aurons même plus la possibilité de nous serrer la main. Nous n'entendrons plus ta voix unique. Nous ne verrons plus la lumière de ton regard, si ce n'est en souvenir. Nous n'aurons plus la chaleur de ton rire pour égayer l'obscurité.

Nous avons perdu un être irremplaçable.

Digérer le Hobbit

Dim 06 mai 2018

Depuis quelques mois, j'ai commencé la lecture à voix haute du Hobbit à mes enfants. Par petits bouts, hélas un peu espacés dans le temps, ce qui m'oblige parfois à revenir en arrière, relire quelques passages et se remettre dans l'histoire. La version que je lis est la "nouvelle traduction", celle de 2012, par Daniel Lauzon.

Quand je l'avais lue pour moi-même, j'avais évidemment tiqué devant les toponymes (Fendeval) et les patronymes (Bessac, Thorin Lécudechesne), difficile de revenir sur près de 30 ans de lecture ennamourée. Mais passée cette impression désagréable, la lecture redevenait plaisante : un petit coup de peinture sur la traduction de Francis Ledoux (de sinistre mémoire) n'était pas de trop. En revanche, ma connaissance assez poussée du mythe Tolkienien m'avait fait passer à côté d'un élément important. J'y reviendrai.

À l'occasion d'un voyage plutôt long au travers de la France vers la région d'Annecy, nous avons commencé la lecture, à voix haute, du premier volume des aventures d'Harry Potter. Et là, ce fut un déclic : non seulement le texte est remarquablement écrit, amusant, rythmé et aisément lisible à haute voix, même dans un véhicule bruyamment lancé sur l'A89... mais en plus il est totalement accessible pour des enfants (essentiellement mon aînée de 9 ans et mon fils de bientôt 6 ans – la petite dernière de 3 ans 1/2 n'était pas franchement la plus intéressée par le texte).

Malgré les très beaux efforts de Daniel Lauzon pour "moderniser" « Le Hobbit » qui date de 1937 pour sa première édition, a été révisé et publiée en 1951 avec des changements très importants sur le chapitre 5 « Énigmes dans l'obscurité » (où Gollum passe d'un monstre misérable et assez inoffensif à un monstre perverti par l'Anneau et agressif), malgré tous ces efforts, disais-je, en lisant à mes enfants, je suis contraint de m'arrêter fréquemment pour expliquer un mot, une tournure de phrase alambiquée, une expression vieillote ou inattendue. Quand j'y arrive, je me mets aussi à changer les mots à la volée pour rendre le texte plus accessible...

Ce hobbit était un hobbit fort bien nanti, et il s'appelait Bessac. Les Bessac habitaient les environs de la Colline de temps immémorial, et ils étaient vus comme des gens très respectables, non seulement parce que la plupart d'entre eux étaient riches, mais aussi parce qu'il ne partaient jamais à l'aventure et ne faisaient jamais rien d'inattendu : on savait ce qu'un Bessac dirait de telle ou telle chose sans être obligé de lui poser la question.

Ma fille aînée a du vocabulaire, mais j'ai quand même dû remplacer "nanti" par un synonyme. Le terme "immémorial" n'est pas évident, il a fallu confirmer qu'elle avait compris. Je laisse au lecteur le soin de compter le nombre de mots et de propositions de la seconde phrase de ce passage, qui commence par t'expliquer que les Bessac sont une vieille famille, puis qu'ils sont respectables, puis riches, puis qu'ils ne partent pas en aventure et enfin qu'ils sont complètement prévisibles et qu'il est inutile de leur demander leur avis sur... euh, sur quoi ? Entre le début et la fin de ce long train de mots, des wagons de concepts différents. Lus par un adulte qui connaît les Hobbits et apprécie le style de JRRT, ça peut arracher un petit sourire en coin. À haute voix, c'est l'asphyxie pour le lecteur et l'impression d'assommer l'auditeur.

D'un côté, Harry Potter, destiné aux ados et d'une fluidité impeccable, de l'autre, un « Hobbit » indigeste, originellement destiné aux enfants du Professeur. Un comble !

Loin de moi l'idée de dire que « Le Hobbit » "en l'état" est un mauvais texte ; c'est tout simplement qu'il est écrit dans une langue désuète, qui aura bientôt un siècle, et que n'importe quel traducteur s'y trouverait piégé ; même en faisant de grands efforts pour le "maquiller"... point de salut, sa structure est ce qu'elle est.

J'en suis arrivé à penser qu'il y a une ouverture pour un travail intéressant... si un jour quelqu'un avait le pouvoir et le temps de prendre le taureau par les cornes, et de proposer non pas une nouvelle traduction, mais une transcription voire même une réécriture du « Hobbit », dans laquelle toute la trame narrative serait conservée, mais le texte serait rédigé dans un langage actuel, alors on pourrait transmettre à la jeunesse du XXIè siècle ce "roman-pilier" du genre médiéval-fantastique.

Reste que je doute que cette oeuvre voie le jour. Je ne pense pas que les ayants-droit verraient d'un bon oeil qu'on démonte le château pierre par pierre pour le reconstruire à côté, même s'il paraissait plus pimpant. Quand on voit ce que les retouches sur les livres du « Club des 5 » ont déclenché comme colère parmi les lecteurs, je n'ose même pas imaginer ce qui se passerait.

Pour ma part, je pourrais aussi me sortir un peu de ma torpeur littéraire et le rédiger pour mon petit plaisir personnel... Mouais. Même si aujourd'hui, je ressens bien un frétillement dans le bout de mes doigts, je doute d'être capable de terminer ce travail avant que mes enfants soient trop vieux pour en apprécier la saveur et qu'ils soient même en âge de lire le Silmarillion.

Tiens, tant que j'y suis, ça me ferait également plaisir de lire une traduction française du Hobbit originel, celui de 1937, dans lequel Gollum est sympa, Gandalf "juste un magicien". J'ai en ma possession la réédition en anglais, mais je suis persuadé que de nombreux lecteurs aimeraient pouvoir accéder à cette version "disparue".

Je suis la dette

Dim 26 mars 2017

Cette séquence vidéo qui démarre à 48'40" - est édifiante.

Je pense être comme beaucoup de citoyens, amenés à se prononcer prochainement pour la Présidentielle de 2017. Et je vois, comme beaucoup sans doute, s'amonceler les nuages noirs, l'orage gronder, le scrutin triste, à l'image de la campagne où il est question de tout, sauf du devenir des habitants qui devront être dirigés par le candidat ayant reçu le plus de bulletins non-nuls (même pas dans la poire, en plus, les traditions se perdent).

Je ne sais pas pour qui voter. Parce qu'aujourd'hui, j'ai le choix entre :

  1. des gens qui ont un programme, l'appliqueront, et contre lequel je suis de toute mon âme,
  2. des gens qui n'ont aucun programme, si ce n'est de continuer à jeter de la poudre aux yeux,
  3. des gens qui ont un programme qui pourrait me plaire, mais dont je doute qu'ils l'appliqueront.

J'aurais bien aimé pouvoir me désinscrire des listes électorales, pour ne pas être complice de cette farce, mais j'ai cherché, on ne peut pas.

François Fillon, invité de L'émission politique, a rencontré des personnels soignants et administratifs d'une maison de retraite médicalisée. Les infirmières lui parlent de cadence de travail, de pénibilité, de qualité de vie. La réponse tombe comme une brique dans un pot de peinture. La dette. Les finances publiques, etc. Il montre là, plus encore que dans n'importe lequel de ses discours de meetings, plus encore que dans ses interviews lénifiantes où le journaleux lui permet de vendre sa soupe et d'y noyer le poisson, il montre là son idéologie. C'est largement pire que les petits arrangements entre membres de sa famille et la République (il faut être un peu naïf pour penser qu'il est le seul à en être coupable, c'est systémique, et bien au-delà des clivages droite/gauche...).

Le fric, le chiffre, l'Euro, les sous, le pognon, la gestion comptable au-dessus de tout, au-dessus des humains, au-dessus des malades, de leurs familles, au-dessus des souffrants, des faibles, des indigents, au-dessus de leur vie, du prix qu'elle vaut. L'argent, l'argent, l'argent, l'argent.

Pour un homme qui se dit chrétien et qui est soutenu par des tenants "pro-vie", c'est honteux. Pro-vie ? Mais quelle vie ? Celle qui fait trimer la plèbe pendant que Madame va en cure au frais de la princesse ? Celle qui épuise, abrutit, déglingue les corps et les esprits des soignants pendant que la haute oligarchie se repaît des profits ? Celle qui amenuise les chances des malades en fonction de leurs revenus ?

Un personnel de santé épuisé, c'est plus de maltraitance. Oui, hélas, les patients seront mal traités, parce que les erreurs professionnelles augmentent avec la fatigue, l'épuisement. Il y aura plus de maladies nosocomiales, plus d'erreur de diagnostic, des soins administrés moins vite et moins efficacement.

Et ces infirmières, de nuit et jour, qui triment pour des salaires de misère en regard de la valeur des vies qu'elles sauvent, qui seront carbonisées après 20 ans de carrière, sans espoir d'obtenir un jour un poste plus reposant, que deviennent-elles ? Leur dette à elle, c'est la dette du sommeil, de la vie de famille. Ah ça, tu l'aimes la famille, François, hein, tu l'aimes ! mais pas la leur, tu aimes la famille des gens bien nés, pas des manants qui tiendront ta sonde urinaire quand tu iras de mal en pee.

Réfléchis bien, citoyen, quand tu iras voter pour lui, réfléchis. La prochaine fois que tu iras te faire soigner et rembourser par la sécurité sociale. La prochaine fois que tu accoucheras dans un hôpital public, la prochaine fois que le petit dernier devra aller aux urgences après s'être viandé en vélo. Souviens-toi, souviens-toi : François Fillon ne te veut pas de mal... Il ne veut juste pas qu'on te soigne. Il te préfère en mauvaise santé, parce qu'en mauvaise santé, tu n'es pas de la dette. En mauvaise santé, tu te rapproches de la tombe ; en mauvaise santé, tu deviens une ligne de moins dans son sacro-saint livre de comptes.

Tu n'es pas malade, tu incarnes la dette. Si tu es en bonne santé, grand bien te fasse ! Alléluia ! tu vas pouvoir produire encore et toujours, pour alimenter grassement sa balance commerciale adorée, celle sur laquelle il se paie. Mais ne tombe pas malade ! Erreur ! Alerte ! Malade tu deviens pestiféré. Un gros compteur flotte au-dessus de ta tête avec ce que tu coûtes. Mais ce grand compteur, où était-il quand tu rapportais ?

Regarde qui tu es pour lui REGARDE ! tu es du PASSIF ! Tu n'es même pas humain, tu n'est qu'une suite de sommes d'argent.

C'est tellement IGNOBLE d'ignorer ce qu'une personne en bonne santé, qui a le moral, qui ne s'en fait pas pour son avenir ou celui de ses proches, peut faire pour le pays et le monde entier. Où est-elle, cette statistique, dans l'esprit de ce candidat abject et détaché de toute humanité ? Quand on est heureux on produit plus, on consomme, on vit, on aide, on ouvre sa porte et ses oreilles aux rumeurs du monde. On arrête de penser à ces gros nuages noirs comme des menaces, on voit derrière eux les scintillements des étoiles et les cieux plus hauts, bien plus hauts que ces chiffres imbéciles qui remplissent les colonnes débit/crédit, froides, ineptes, grises.

Prie ! Prie ton dieu ! prie autant que tu peux, au moment du jugement dernier auquel tu crois, de quel côté penses-tu qu'il mettra ton livre de compte ?

Je me souviens

Ven 17 juin 2016

J'ai quarante-deux ans.

Je me souviens que j'étais dans le Nord de l'Islande, à Akureyri, le jour de la fête nationale, il y a deux ans.

Je me souviens la première fois qu'on m'a dit "mais... mais... tu es un geek !" et que je n'ai pas voulu le croire.

Je me souviens de l'époque où je publiais plusieurs articles par jour sur Je Hais Le Printemps, des centaines par mois. Le temps où j'étais malheureux comme les pierres, au chômage, entouré d'amis mais seul. J'avais du temps.

Je me souviens les blogs, Lugradio, Slashdot que j'épluchais, la frénésie d'avoir réussi à coder un moteur de blog perso en moins de 5 jours et en PHP. Je me souviens d'avoir fait trois fois le tutorial Python sans comprendre à quel point ce langage allait changer ma vie et me guérir des troubles musculo-squelettiques.

Je me souviens d'avoir rencontré les amis de l'Internet. D'avoir été comblé par leur immense humanité.

Je me souviens de ma première session en quads. Je me souviens du Mans, la soirée de la veille où je titubais, totalement imbibé au rhum-coco, d'avoir veillé 24h.

Je me souviens de ma première crise d'allergie.

Je me souviens de mon arrivée à Bayonne, et que je me perdais souvent, parfois exprès, dans ces rues étroites et désertes et que j'aimais ça.

Je me souviens de Jupiter et sa tempête tropicale, du quintet de Stephan au 200mm et des pléïades aux jumelles, du froid qui prend jusqu'aux os et du jambon / café à 6h du mat'. Je me souviens des étoiles doubles et du terminateur lunaire. Albireo.

Je me souviens de mes premiers boulots sur Bordeaux, la SSII et la BPSO. Des larmes.

Je me souviens de mon éclat de rire en lisant sur la couverture noire d'un roman en plein milieu du Virgin Megastore de la place Gambetta, à Bordeaux : "Spinoza encule Hégel". Les Poulpes, les Instantanés de Polar, les Canaille/Revolver, les Pratchett, les Ken Bruen, les Tolkien, les Pouy, les Asimov, l'OuLiPo, les K. Dick, les Ayerdhal, les Bordage, les Mizio, les Larcenet, les Otomo Katsuhiro.

Je me souviens ma première pinte de Guinness, que Jérôme avait dû finir, parce qu'à l'époque je n'avais pas réussi à vaincre son amertume. Le Dick Turpin's, rue du Loup, les toilettes qui sentaient la pierre et le patron qui tirait deux pintes avant même qu'on aie le temps de s'asseoir ; le Kaova où nous prenions un café et un capuccino en refaisant le monde un milliard de fois. Je me souviens du Connemara Irish Pub, et du patron qu'on soupçonnait d'être un leprechaun, des serveuses qu'on soupçonnait être des fées.

Je me souviens... le sourire niais de l'accordéoniste.

Je me souviens du premier e-mail que j'ai envoyé. De l'arrivée des terminaux graphiques dans l'IUT. 256 nuances de gris. Les Pogols et les Zunix.

Je me souviens du What A Fair Foot Big Boxon Band Quartet. Tout à fond.

Je me souviens avoir lancé un dé 100. Je me souviens de Star Wars et l'Oeil Noir, JRTM et Shadowrun. Je me souviens que la conception des persos était toujours trop longue. Je me souviens de Malienda.

Je me souviens de ma découverte du Métal. Je me souviens quand j'ai entendu Nirvana pour la première fois. Je me souviens comment j'ai appris la mort de Cobain. Je me souviens de la mort de Layne Stayley. Je me souviens de la mort de Jeff Buckley. Je me souviens de la mort de Johnny Cash.

Je me souviens des mini-discs, des cassettes, des 45 tours, des walkmans, du premier magnétoscope à la maison.

Je me souviens de l'arrivée de la 3, d'Ulysse 31 et d'Albator, de Capitaine Flam et de San-Ku-Kai.

Je me souviens d'avoir lu un livre dans la voiture, au retour du supermarché, que j'ai terminé avant d'être rentré à la maison.

Je me souviens des parties de foot qui duraient du matin au soir, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus y voir. Je me souviens de Séville en 82. Je me souviens de l'Euro 84.

Je me souviens que je pleurais beaucoup, enfant. Je ne pleure plus.

Je me souviens du goût de la crème Jock, amoureusement préparée par notre mère. Je me souviens de l'odeur du tabac à pipe de mon père.

Je me souviens mon lapin orange. Je me souviens que tout était orange : mon lit à barreaux, ma serviette, mes pyjamas, le papier peint.

Je me souviens le jour où j'ai rencontré Bénédicte et qu'elle m'avait à peine regardé alors que je lui expliquais le fonctionnement de l'asso de roller. Je me souviens la naissance de Raphaëlle, en fin d'après-midi, j'avais eu mal à la tête. La naissance d'Étienne, le temps m'était apparu plus long. La naissance d'Alix, un soir de Derby à Jean-Dauger.

Je me souviens de la Réponse à la Grande Question de la Vie, de l'Univers et du Reste.

Trouver chaussure à son dé

Mar 02 février 2016

Le financement participatif dans le domaine de l'édition de jeu de rôles en français semble vivre une époque frénétique ; il suffit de voir les éblouissants débuts des campagnes de Héros & Dragons, Dragons (plus de 200kEUR à elles deux !!!), Dungeon World ou Sweepers Inc..

Et je ne te parle même pas de FU RPG, grand succès de l'année dernière.

Il semble que le rôliste lycéen de jadis ait grandi, se soit fait une situation, un salaire confortable, se soit acheté une bibliothèque en bois d'arbre chez un antiquaire renommé et éprouve à présent l'envie de la remplir. Visiblement, les éditeurs de tous poils ont bien compris que la nostalgie peut venir à bout de la froide raison et ouvrir les vannes de cette prodigieuse machine à rêver.

Oh, chic alors, ce que j'ai vécu dans les années 80/90 était tellement beau que je brûle de me ruiner en achetant des éditions en papier glacé à 130 EUR, tout en sachant qu'il y a peu de chances pour que je retrouve dans cet opus le souffle épique de mon adolescence boutonneuse, tout simplement parce qu'à présent que j'ai basculé dans le camp des quadras, mon taux d'hormones a chuté autant que mes cheveux.

Complètement désintégrée, la "ménagère de moins de 50 ans"... maintenant, le coeur de cible, c'est quadra nostalgeek, celui qui a tant souffert d'avoir été l'intello dénigré par ses pairs et qui possède un pouvoir d'achat sur lequel les éditeurs comptent bien pour assurer leur pérennité.

Alors comme il n'y a pas de raison que je m'abstienne de mettre du beurre (de marque) dans mes épinards (du marché bio), je me demande si par hasard ce ne serait pas une bonne idée de lancer moi-même ma campagne de financement participatif.

Voici donc le pré-lancement de la pré-vente de l'édition papier en français du jeu acclamé par la critique : Roll For Shoes.

Ce jeu de rôle universel, voire multiversel aux règles simples et fluides, qui se met au service de la narration tout en restant ludique a déjà fait le tour du monde et satisfait des millions de joueurs.

Pour démarrer une partie, il suffit de réunir quelques amis autour d'un pack de bières et de se munir d'une poignée de dés à 6 faces et vous pouvez partir à l'aventure dans n'importe quel univers : S.F., cyberpunk, médiéval-fantastique, horreur ou dark fantasy.

Mais il manquait une version en français, aussi, nous proposons de publier cette traduction courant de l'année 2016.

Les détails de cette campagne sont encore à définir, mais voici quelques idées de départ :

  • Pas moins d'une page de règles du jeu,
  • Une édition normale au format A4, avec une illustration en N&B,
  • Une édition de luxe sur papier glacé avec une couverture en vraie peau de zébu abattu à la pleine lune par une balle en argent massif gravée aux initiales de Gary Gygax. Au moins trois illustrations, composées avec soin en couleurs par trois dessinateurs de renom appartenant à ma famille, à savoir mes 3 enfants,
  • Chaque édition (de base ou de luxe) serait unique et numérotée, étant donné que les illustrations seraient personnalisées pour chaque souscripteur,
  • Un accès permanent et irrévocable au sources du document original, c'est à dire un fichier texte d'environ 900 octets, afin que vous puissiez produire une édition à votre convenance.

Je pense que le prix de l'ouvrage avoisinera les 90 EUR pour l'édition simple et 300 EUR pour l'édition de luxe.

Pour que l'ouvrage arrive jusqu'à votre porte, le plus simple serait de m'envoyer une enveloppe timbrée à votre adresse et la poste se chargera du reste.

Plus de détails dès que la Bank of The Scarecrow aux Îles Caïmans aura validé l'ouverture de mon compte.

Des jeux, des jeux ! (II)

Mer 19 août 2015

La première partie se trouve ici

Des jeux que j'estime importants sont arrivés dans ma ludothèque :

  • Exploding Kittens : le jeu qui a fait l'ultra-buzz sur Kickstarter au printemps dernier. Les auteurs pensaient en vendre 200 ou 400, ils ont quasiment vendu 219 000 exemplaires en prévente en un mois de campagne. Campagne la plus rapide à être financée, campagne la plus rentable, campagne avec le plus de contributeur... Le mélange "fan de The Oatmeal" + chatons des Internets qui explosent a pulvérisé les records. Le jeu n'est peut-être pas révolutionnaire, mais il est assez fun. J'arrive à m'amuser, même si jusqu'à présent, j'explose en premier avec une régularité qui m'épate (d'habitude, si je paume, c'est parce que je joue mal ; là, on dirait de la malchance manifeste).
  • Coin Age : un jeu qui tient dans la main (toujours ma quête des jeux minimalistes). C'est un jeu dont le plateau est de la taille d'une carte de crédit. Pour deux joueurs, assez stratégique, mais avec des règles vraiment simples - les parties sont ultra-rapides, dynamiques... Si le plateau t'ennuie, tu peux en changer en un clin d'oeil. Et si les quelques plateaux fournis avec le jeu sont pas assez nombreux, hop ! rien ne t'empêche d'en fabriquer d'autres sur le même format. Print'n'play. Bon, faut quand même avouer... je me suis fait plaisir, c'était pour mon anniversaire : les frais de ports reviennent à multiplier le prix du jeu par trois.
  • Fluxx : le jeu dont les règles peuvent changer à tout moment. Ce jeu de cartes existe depuis les années 90 en anglais mais il a fallu attendre 2015 pour le voir débarquer en France et en français. Chaque carte jouée peut à tout moment changer les règles : l'objectif, les actions possibles, l'organisation des tours de jeu... le jeu est sans cesse renouvelé, aucune partie ne ressemble à une autre. On peut gagner en quelques secondes comme attendre 30mn avant que tout se débloque. On peut même faire gagner un adversaire malgré soi, parce que les règles imposent de jouer toutes ses cartes et qu'une d'entre elles donne la victoire à un autre joueur. C'est un des jeux les plus geeks que je connaisse.
  • Huit minutes pour un empire : jeu de plateau / conquête / ressources sans les céphalées. J'avoue que je suis assez rétif aux jeux "à ressources". J'ai toujours l'impression de résoudre un exo de comptabilité et ça m'étonne qu'on puisse trouver ça amusant. Huit Minutes pour un Empire, c'est exactement ce qui me fallait : sur chaque carte, on a à la fois une ressource et une action à effectuer pour gérer ses troupes sur le plateau. Ça ne se joue probablement pas en huit minutes, y'a un moment où on doit réfléchir.

Bonus : au moment où j'écris cet article, une campagne de financement est en cours pour un jeu encore plus petit que Coin Age : Mint Tin Mini Apocalypse - la quête du jeu de plateau le plus petit du monde n'est pas achevée. La société Subquark a pour habitude de proposer des jeux qui tiennent dans des boîtes pour bonbons à la menthe ; le challenge ici est encore plus démentiel : la boîte fait trois centimètres sur deux environ. J'aime beaucoup l'état d'esprit du créateur du jeu, qui "ouvre" son jeu aux variantes (solo, coopératif, règles à trois joueurs, tour par tour au lieu de jouer en simultanée, etc). Cette critique du jeu (basée sur un prototype) a achevé de me convaincre : j'espère bien que ce petit jeu débarquera dans ma boîte aux lettres avant la fin de l'année.

Des jeux, des jeux ! (I)

Dim 02 août 2015

Les derniers mois ont été placés sous le signe du ludique, du jeu, de la retombée en enfance (qui a dit nostalgie ?)...

Y'en a tellement que ce sera une série de deux articles.

Commençons par FU. Il y a quelques mois de cela, je re-découvrais le jeu de rôles FU, publié sous licence libre (CC-BY). J'avais téléchargé le PDF et lu, puis relu, puis remis sur la pile des "jeux qui sont vachement bien, mais bon, y'en a sûrement d'autres".

Et en le redécouvrant, je me suis surpris à vraiment apprécier ce petit morceau de bravoure : en quelques pages, Nathan Russel détaille toute une palette de conseils sur le jeu de rôle en général, comment démarrer une partie, quelles sont les questions à poser et à se poser pour que toutes les personnes autour d'une table prennent plaisir à jouer. Tout y est limpide, didactique, et probablement applicable à tous les jeux, qu'ils soient narratifs ou pas. La base de tout, c'est le dialogue : tout part d'une discussion, d'un échange entre le Narrateur et les joueurs ou même entre les joueurs. Cette priorité au dialogue et la "marque de fabrique" de FU.

Ensuite, le système de résolution de FU est d'une simplicité et d'une élégance stupéfiante : les avantages et les obstacles s'équilibrent, on jette les dés en posant une question fermée (oui ou non) et on interprète les résultats en un clin d'oeil. Parce que c'est le joueur qui choisit la question, cela ouvre la porte à la simplification ou une plus grande densité ; les questions "est-ce que je tue mon ennemi ?" ou "est-ce que je remporte le combat ?" sont en apparence similaires, mais en fonction du résultat des dés, peuvent occasionner une issue complètement différente et un rebondissement dans l'action qui pourra surprendre les joueurs et/ou le meneur.

Pour toutes ces raisons et pour d'autres encore, j'avais entrepris de traduire FU en français. La licence CC me le permettait déjà, sans avoir besoin de demander à l'auteur. Ayant fini, j'ai publié cette traduction via gitbook, laissé le code source disponible sur Github. Gitbook est un service assez remarquable, puisqu'il permet, en un tournemain, de transformer une suite de documents Markdown en format HTML, PDF, ePub, mobi. Le résultat était plus que satisfaisant en ce qui me concernait. J'ai publié sur quelques forums et twitter le résultat de mes travaux, en demandant aux relecteurs de me renvoyer leurs corrections.

Quelle ne fut pas ma surprise d'être contacté par Michel Chevalier, des éditions Stellamaris, qui me proposait de publier FU RPG en version française, en vrai morceau d'arbre mort. Après quelques hésitations, le projet fut lancé sur la plateforme Ulule et couronné de succès : 153 contributeurs ont souscrit au moins un exemplaire du livre, qui sera imprimé courant 2016.


Un concours avec comme contrainte d'écrire un jeu de rôle en moins de 200 mots avait été lancé par David Shirudans au mois d'avril dernier. Quelques propositions étaient proprement stupéfiantes. En mon for intérieur, je me demandais si c'était possible en français. Je balayais rapidement cette hypothèse.

Et au mois de juin, badaboum, le site Scriiipt mettait justement en route un concours similaire : écrire un jeu de rôle complet, en français, en moins de 250 mots. Ça a dû faire chtak-boum là-dedans, puisque je me suis lancé rapidement dans l'écriture de ce qui deviendra jeu d'troll. En 248 mots, j'avais composé cette petite bravade ; un jeu sans dés, "mono-classe" puisque tous les personnages sont des trolls, donc bêtes et méchants, avec un vocabulaire limité, une arithmétique poussive et uniquement aptes à taper et se mouvoir.

Ça m'avait fait bien marrer de l'écrire, de rogner où c'était possible pour gagner quelques mots, de rajouter des éléments de background, etc. La concision est une contrainte et l'écriture à contraintes, ça me fait toujours frétiller. Bien sûr, en moins de 250 mots, pas facile de faire un colophon :

  • si le jeu est écrit en "langue troll", c'est pour plusieurs raisons. Premièrement, ça donne de l'ambiance (et l'ambiance, c'est capital pour ce genre de jeux, il me semble). J'ai probablement été inspiré par Pirates !, dont les règles sont écrites dans un style détendu et "comme si j'étais un pirate". Pour jeu d'troll, j'ai appliqué le même principe : c'est un troll qui explique les règles. Ensuite... j'ai presque honte de le dire, mais écrire en langue troll m'a fait gagner des dizaines de mots sur le décompte final. S'il avait fallu écrire dans un français impeccable, le jeu aurait certainement fait le double de sa taille actuelle.
  • La mécanique "diceless" est un peu livrée au pifomètre, le nombre de pierres de départ (4) ; elle est vaguement inspirée de Lady Blackbird. Dans ce jeu de John Harper, chaque fois qu'un jet est un échec, le joueur gagne un dé supplémentaire ; et à chaque réussite, les dés qu'il a engagé sont défaussés. Ça crée une sorte de déséquilibre permanent : un personnage qui réussit aura d'autant plus de chances d'échouer, alors qu'un poissard aux dés aura de plus en plus de chances de réussir les fois suivantes. Dans jeu d'troll, le joueur qui réussit ne perd qu'une pierre et n'en gagne qu'une en cas de réussite. Cette partie est à la fois le côté le plus "zen" du jeu et en même temps mon gros point de doute : est-ce que c'est jouable ? est-ce que l'équilibre est suffisant entre l'échec et la réussite pour que les joueurs ne soient pas écrasés par le système de résolution ?
  • Autre point très noir : l'absence totale d'illustration. Mais je suis un gros manche en dessin et je ne me sentais pas du tout capable d'illustrer et correctement mettre en page le jeu avec des encadrés, etc.
  • Il a été très gentiment relu par Sobe TBT, Pak Cormier, Jean-Michel Armand. Leur soutien et leurs suggestions ont été extrêmement utiles, qu'ils en soient remerciés.

Je profitai d'un petit éclair d'inspiration supplémentaire pour soumettre un second jeu : Stagiaires. Beaucoup plus cynique, un peu classique. J'étais assez satisfait de moi, mais quand même beaucoup moins que pour jeu d'troll.

Et puis... le concours était clos. Près de 80 propositions avaient été envoyées, certaines me faisaient verdir de jalousie. Les résultats se firent attendre. Et, jeudi dernier... il s'est avéré que jeu d'troll avait le troisième prix ! !

Je suis hyper-content. Cette troisième place me conforte dans mon intuition : jeu d'troll a un potentiel. Dans la constellation jeu d'troll, on trouve :

  • le site "officiel", avec la dernière version,
  • le code source est disponible sur Github. C'est d'ailleurs un canal d'information sur lequel tout un chacun peut m'adresser ses remarques, suggestions et encouragements,
  • On peut suivre le compte twitter @jeutroll,
  • On peut aussi m'envoyer un e-mail à bruno+troll arobase jehaisleprintemps poing net,
  • J'ai entamé une extension, appelée re-troll, elle est disponible sur le site, et nécessite sûrement des améliorations (règles supplémentaires optionnelles, suggestions... pour me contacter, voir ci-dessus).

Si j'avais un souhait : ce serait que des rôlistes s'emparent de ce JDR, y jouent et veuillent bien me faire toutes les remarques qu'ils estimeront nécessaires.