À quoi sert une conférence ?
Jeu 28 avril 2011
La semaine dernière, j'ai participé à une conférence, intitulée Djangocong, se déroulant à Marseille. J'aurais pu en faire un compte-rendu plus ou moins détaillé, mais j'ai constaté que d'autres l'avaient déjà fait, certainement mieux que j'aurais pu le faire. S'il avait fallu résumer proprement, on aurait pu dire "y'avait du monde et c'était bien cool".
Je m'abstiens d'entrer dans les détails. Sauf qu'une vague - ou plutôt une série de vagues - agite le landernau du web et des professionnels qui en ont fait leur profession. Aucune envie d'en rajouter dans le domaine de la férocité et de l'agressivité qui accompagne tous les trolls. Alors posons calmement les bases d'une réflexion plus sereine, plus constructive.
En gros, ça polémique à mort sur le prix de la journée de la conférence Sud Web. C'est vrai, 135 EUR, c'est cher. Il existe d'ailleurs un tarif préférentiel, à 90 EUR (à l'heure où j'écris, je ne sais pas s'il reste des places, d'ailleurs). On peut en effet s'interroger sur ce tarif. Pour ma part, connaissant personnellement une bonne partie du staff, je ne doute pas un seul instant que si c'est ce prix-là qui est indiqué, c'est qu'il correspond à peu de choses près au coût de cet événement. Et si tu n'as jamais participé à une conférence de ce genre, tu ne peux pas imaginer les coûts liés aux prestations offertes : le café / croissants1 du matin / midi / soir / après-midi, la location de la salle, la sono, l'électricité, le wifi... (ah euh non, pardon, y'a pas ouifi, y'a "nonfi"), les impressions (en couleurs) des programmes, des badges, des affiches en 4x3 pour indiquer le chemin depuis la gare de Nîmes... j'en passe. Je recommande à ce propos l'article "Organiser une conférence web en six mois, fastoche ?", qui détaille bon nombre de choses indiquant pourquoi on arrive à ce total de cent-trente-cinq EUR.
Mais les râleux, les fâcheux, les pas-content de tous poils oublient une paire de choses qui n'ont pas de prix. Ou plutôt, qui ont un prix, mais que celui-ci ne se paie pas en espèces ou en chèque. Ces choses-là, on ne les voit pas apparaître sur la facture. Elles sont impalpables, immatérielles, intangibles. Et pourtant, elles ont une valeur. Je suis étonné que des gens habitués à travailler avec des concepts, des informations, des "bidules" virtuels ne sachent pas à quel point le temps qu'on peut passer dans ces conférences et la somme qu'on peut y mettre est remboursée, et largement. Et pour tout te dire, je suis assez sidéré de voir qu'en parlant de conférences autour de moi dans mon entourage professionnel, je rencontre beaucoup de gens qui haussent les épaules en se demandant à quoi ça peut bien servir2.
Allez, je te dresse une liste, nécessairement non-exhaustive...
- apprendre pour soi : oui, dans notre profession - comme dans n'importe quelle autre, nous avons toujours quelque chose à apprendre. Tout le temps. Un an, cinq ans, dix ans de pratique ne peuvent pas se satisfaire de la léthargie habituelle, du train-train, des habitudes. Nous avons la chance de travailler dans un domaine dans lequel tout évolue à toute vitesse, que des nouveautés émergent en permanence. Si nous voulons maintenir notre niveau d'excellence, il nous faut nous former. Et l'orateur n'est là que pour nous, il est là pour transmettre son savoir. Et notre job, c'est de le recevoir. Et l'assimiler.
- apprendre pour ses clients : tout n'est pas forcément désintéressé chez l'auditeur. Il va à une conférence, il fraternise, tout ça... et durant les confs, il prend des notes. Et un jour, quelques temps après, un client le contacte et lui expose un problème... oh ! quel heureux hasard ! l'auditeur se souvient que justement il a vu une conf fort intéressante présentant une solution miraculeusement adaptée à sa problématique. Et paf !
- valoriser son savoir-faire : c'est un peu lié au point du dessus, partiellement. Certaines conférences ne participent pas du savoir-faire technique pur, mais d'une méthodologie, par exemple. Genre "en finir avec la technique CPOLD". Tu ajoutes des cordes à ton arc, tu améliores ta productivité, la qualité intrinsèque de ton travail et tu peux même t'en vanter auprès de tes clients ! -
voyez, nous mettons en oeuvre des machins qui améliorent la qualité du blurb et du splang
- contact humain : oui ! c'est possible ! des geeks, des internautes, des travailleurs du web peuvent se voir, en vrai, à cinq mètres ou moins, se serrer la main, se faire la bise, se taper dans le dos, se rencontrer, fraterniser. Ces conférences favorisent l'appartenance à une communauté (cf. ce post à propos de Djangocong, par exemple), permettent de mettre des visages derrières les avatars ou les pseudos. Un effet induit immédiat, c'est l'impression d'entendre la voix d'une personne quand on lit ses écrits, après. C'est amusant.
- contact professionnel : un rendez-vous qui rassemble des professionnels, c'est bien entendu l'occasion de voir des pros, des vrais, des tatoués. Et ces gens-là sont accessibles ! Profite de la pause café pour aller leur parler, dire tout le bien que tu penses de leur travail, et pourquoi pas... échanger quelques mots décalés. Et ces contacts deviendront autre chose qu'un "following" / "ami sur facebook". Pourquoi tu ne ferais pas du business avec ? Est-ce que ça ne faciliterait pas les mises en relation de boulot ? hein ?
- tourisme : ben oui. Nîmes, moi, je connais pas. Et je gage qu'à tord, beaucoup ne connaissent pas non plus. Et la conférence a lieu un vendredi. Ça laisse deux bonnes journées pour visiter les environs, passer un bon moment de détente dans une très belle ville du sud. Voué !
Oui, une conférence, ça sert à ça et à bien d'autres choses. Alors... qu'attends-tu pour t'inscrire ?
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1 : Je dis "croissants", mais j'aurais dû dire "chocolatines", bien sûr.
2 : oh, pas tout le monde, hein, mais même si certains paraissent intéressés, peu, très peu, très très très peu manifestent l'envie d'aller à ces conférences
Article écrit hier soir