Kanban - première partie
Ven 16 novembre 2012
Je m'intéresse depuis peu aux Kanbans. Ou plus précisément, je m'intéresse plus sérieusement depuis peu aux Kanbans que j'aurais dû le faire.
Dans le domaine de l'industrie, cet outil est utilisé depuis assez longtemps ; dans le domaine de la programmation, son usage est en train de se répandre, peu à peu. Et si on gratte un peu dans la littérature existante, on se rend compte que tous les processus multi-tâches qui évoluent dans le temps d'étape en étape peuvent être visualisés sous forme de tableaux "à la" Kanban.
On perçoit assez facilement les étapes de conception / réalisation d'un programme par exemple. On divise les fonctionnalités en petites unités (appelées "Histoires"), qu'on met dans la colonne "À Faire". On décide ensuite d'une limite de travail "En Cours". Par exemple, on se dit qu'on aura du mal à faire plus de deux choses à la fois. Donc, on se limite à 2.
Une fois qu'on a construit la liste des tâches à faire, on en choisit une, puis éventuellement une autre, et on se focalise sur la réalisation de ces tâches. Une fois terminée, l'Histoire se range dans la colonne "Terminée".
Ça a l'air tout con, comme ça, de se dire qu'on ne se concentre que sur un nombre limité de tâches, c'est déjà une énorme avancée. Moins de dispersion, plus de contrôle sur le flot et l'obligation de faire les choses en fonction de leurs priorités.
Et en sus, parce qu'un dessin vaut toujours mieux qu'un long discours, ça donne une visibilité redoutablement efficace à l'ensemble "à faire / en cours / terminé". Et mieux, si on observe ça de jour en jour, on perçoit la cinématique de ces flux, et les éventuels blocages. Si un Kanban est publiquement affiché sur un des murs d'un open-space, par exemple, il montre à tous le degré d'avancement des Histoires dans le flux. Management Visuel, ils disent, les pontes du Kanban.
M'enfin, si on veut se documenter sur le sujet, on peut aller voir cette lumineuse présentation sur les Kanban.
La première fois que j'ai été confronté à un Kanban, c'était pour l'organisation des rencontres Django Francophones d'avril dernier. Je dois avouer qu'à cette époque-là, j'ai été assez mal à l'aise face à ce "machin". Je pensais en avoir les clés. Je n'avais pas compris comment m'en servir, j'étais timide, je ne prenais pas les Histoires à mon compte. Je n'osais pas. Bref, j'ai échoué.
Pourtant, la solution technique employée, à savoir l'utilisation de l'outil Trello était excellente, l'interface fluide, efficace. Quand en plus on "joue" avec ces tableaux à plusieurs, et à distance, c'est pratique. Encore eût-il fallu que je prenne l'outil à mon compte, que je me l'approprie.
À présent que je commence à utiliser des Kanbans personnels pour organiser toutes sortes de choses (notamment notre prochain déménagement), je comprends mieux comment s'en servir efficacement et à quel point le duo visualisation + contrôle des flux est un duo gagnant.
À présent, j'arrive avec mes lunettes "Kanban" et je perçois toutes les tâches ou les processus à étapes sous cette forme. Bon, tout ne se Kanbanise pas forcément, hein. Ce marteau n'est peut-être pas taillé pour enfoncer tous les clous. Mais franchement, si tu te sens débordé par un flot incessant de tâches, utiliser un Kanban (d'abord pour soi, ensuite à destination des autres - les demandeurs) est une opération simple à mettre en place et qui a un effet immédiat sur l'organisation et qui demande peu de matériel : tableau blanc ou en liège, des post-its ou des cartes collées à la patafix...
Lors d'un prochain article, je te montrerai à quoi pourra me servir un Kanban, dans un domaine absolument différent de l'informatique. Et je gage que beaucoup d'autres seront intéressés par cet exemple ; s'il ne leur convient pas, il leur donnera peut-être l'idée d'utiliser Kanban pour tout autre chose. Et c'est très bien ainsi.
Photo, "My Personal Kanban", par Bill Frederick (CC-BY-NC-SA)