Tomates
Dim 31 mai 2015
Nous revenions de Sudweb. Une splendide édition Montpelliéraine, dont je revenais gonflé à bloc, enthousiasmé, encore un peu grisé par les deux jours d'un événement d'un grand niveau.
Et en remportant les valises... L'indicible. Notre jardin comporte un potager miniature, minuscule, quatre malheureuses pousses de fraise, trois framboisiers et cinq pieds de tomate. Ils étaient timides, on apercevait de toutes petites boules vertes, promesses de dégustation gourmandes. Sur les cinq plants, trois manquaient.
Les tuteurs étaient encore là. Les ficelles qui tenaient les plants aux tuteurs étaient détachées. La terre autour des tuteurs avait été remise, comme si rien n'avait poussé à cet endroit, proprement, avec soin. Ce n'est donc pas une tornade ou une dévastation d'un animal nuisible (quoique).
Un vol.
On nous a volé trois pieds de tomate, dans notre jardin, pendant notre absence.
Depuis, je n'arrive plus à penser. Je bloque. Je n'arrive pas à intégrer quel esprit malade peut aller jusqu'à cette extrêmité. Qu'on vole des choses "de valeur", c'est mal, mais j'arrive à comprendre. Y'a un business, derrière, y'a un profit, on y gagne quelque chose de matériellement mesurable. Mais des pieds de tomate... Trois ridicules pieds de tomate. Pas de quoi nourrir une famille nécessiteuse, pas de quoi revendre le fruit du larcin sur un marché. Ces pieds ne sont même pas des éléments décoratifs...
C'est mesquin, c'est minable, c'est sordide.
Alors tu me diras, trois petits plants de tomate, c'est quand même pas mort d'homme. Ça coûte effectivement une poignée d'euro, ça se remplace, tout ceci n'est pas si grave.
Je te réponds par un détail que tu ignores : tu ne sais pas qui a planté ces pieds de tomate. Qui a vu que ces trois pieds manquaient à l'appel en descendant de la voiture.
Ma fille aînée et mon fils.
Raphaëlle voulait aller voir "si les tomates avaient poussé" pendant le week-end. Ses tomates. Celles qu'elle a planté et que son frère avait arrosé.
Le regard qu'elle avait quand elle m'a dit qu'elles avaient disparu. Quand je ferme les yeux, je le vois encore.
J'espère que ce voleur emportera ce regard en Enfer.