Arrête de m'emmerder avec ton enregistrement obligatoire
Ven 16 juillet 2004
[via Simon Willison]
Encore une fois, Simon nous offre un point de vue éblouissant sur l'enregistrement pour accéder à des sites d'information.
Le point de départ est le site BugMeNot, qui propose un service tout simple. Ouvrir un compte sur tous les sites réclamant un enregistrement obligatoire et le faire partager à qui en a "besoin". "Bug Me Not", ça peut se traduire par "arrête de m'emmerder".
L'enregistrement est une forme de plaie de l'internet, d'autant plus lorsqu'elle n'offre aucun avantage privilégié.
Le site BugMeNot ayant été pointé du doigt par les sites d'information réclamant une identification pour les lire (N.Y. Times, Washington Post, etc.), Simon a réagi sur la mailing list des informations en ligne :
An account that only allows me to read content (a one-way interaction) is of no value to me, so why not share the account with others?
Traduction possible :
Un compte qui ne me permet que de lire du contenu (une interaction à sens unique) n'a pas de valeur pour moi, alors, pourquoi ne pas partager ce compte avec les autres ?
On atteint un point très important : celui de la valeur ajoutée d'un enregistrement. Quand un compte sur un site permet de réagir et de commenter une actualité, un fait, d'entrer en conversation avec quelqu'un, il est évident que l'identification est indispensable. Elle garantit que personne ne prend la parole à ta place, et du point de vue de l'administrateur, elle évite les "zuzurps" et autres désagréments causés par l'anonymat.
Mais lorsque l'enregistrement obligatoire n'est qu'un obstacle entre une information et toi, on est en droit de se demander à quoi servent les kyrielles d'informations que demande le formulaire d'inscription : Pays, ville, téléphone, e-mail (bien sûr, j'adore le spam), profession... Pourquoi pas le nom du chien et ta pointure, tant qu'on y est ?
L'accès à l'information (aussi prestigieuse soit-elle) est un droit, absolu et décrit dans la déclaration des Droits de l'Homme (art. 19). Et je ne vois pas au nom de quoi je devrais être obligé de signer un étrange contrat avec une société pour simplement lire une information qui me concerne / m'intéresse.
Si on pousse l'idée de l'enregistrement obligatoire jusqu'au bout, on arrive à un non-sens : "que se passerait-il si tous les sites de l'internet réclamaient une identification ?".
Je gage que personne ne les consulterait.
À moins que l'enregistrement ait une véritable valeur ajoutée ; et je ne parle pas de gagner des pizzas gratos ou des voyages en Nouvelle-Zélande en s'enregistrant, je parle de réelles interactions entre le site et l'utilisateur.
Au lieu d'attirer les foudres des sites d'information "privées", BugMeNot devrait les faire réfléchir à leur stratégie et, à terme, faire disparaître la plaie de l'enregistrement obligatoire pour une simple consultation.