En état de siège
Mar 03 août 2004
Bayonne est une ville en état de siège.
Malgré les appels au calme répétés en provenance des autorités, on ne peut désormais nier que le pire est en train de se préparer.
Déjà, la semaine dernière, certains endroits stratégiques de la cité se voyaient affublés de hautes barrières métalliques, bardées de piques acérées. Pas de vulgaires barrières telles que celles qu'on peut voir pendant le Tour de France... Non non... De vraies haies infranchissables ; dont on se demande si elles doivent empêcher l'intrus de pénétrer dans son enceinte ou si elles sont là pour préserver la plèbe de la horde qu'elles circonscrivent.
Ces hautes herses ont ensuite protégé les massifs de fleurs. Etrange, n'est-ce pas ? Quel danger menace les fleurs et les arbustes de la ville, hein ? On se demande.
Pendant ce temps, insidieusement, on vit le ballet des camions frigorifiques aller et venir au gré des rues, déchargeant d'énormes palettes de boissons diverses... Craint-on une coupure d'eau ? une pénurie ? Serait-elle empoisonnée pour qu'on prévoie autant de réserves ? Aucune information ne filtre, malheureusement.
Aujourd'hui, d'ailleurs, dans ma rue, ce fut le paroxysme : pas moins de huit véhicules (8 !) garés en file indienne, bouchant littéralement le passage ; camions, camionnettes et fourgons, voire voitures individuelles aux sièges rabaissés.
Et ces véhicules restèrent longtemps, au mépris des klaxons des autres usagers, bloqués, indéfiniment...
La rue elle-même a changé d'aspect. A l'endroit où s'étalaient les trottoirs et terrasses des cafés, on voit de drôles de constructions, en bois, la plupart du temps, de couleurs vives et qui empiètent parfois littéralement sur la route. Parfois, ces genres de blockhaus improvisés se trouvent décorées par d'étranges manivelles, vraisemblablement le dispositif d'armement de quelque arme lourde à répétition. Que peut-il sortir de ces engins de mort ? Personne n'a voulu me répondre...
Et le concert des marteaux / tournevis / perceuses électrique qui rivalise avec celui des klaxons, jusque tard dans la journée.
En allant sur la route de la plage, je me suis quasiment arrêté sur le bord pour pouvoir me frotter les yeux en contemplant ce paysage : les barrières avaient envahis les quais. On avait "protégé" l'Adour ! Cette fois, c'était sûr : Bayonne se préparait en vue d'une attaque, et peut-être par le fleuve...
En rentrant, tard, dans la nuit, quelle ne fut pas ma surprise de voir que le centre-ville était bloqué ; aucun accès au grand ou au petit Bayonne... Désormais, c'est chose faite : les agresseurs ne sont plus très loin, et je pense que ce n'est plus qu'une question d'heures.
C'est décidé. Je fais mes bagages et je fuis au Nord, avant que la horde ne déferle.