Pourquoi j'aime et j'écoute Pearl Jam

Mer 11 août 2004

Je pense que c'est le groupe dont j'ai le plus d'albums. Il faut dire, entre 2001 et 2004, ils ont eu le temps de sortir les 72 albums (si si ! soixante-douze) de leurs tournées Europe-USA, deux albums studio, et quelques nouveaux opus (opii ?) de leur tournée mondiale (Japon, Australie, Etats-Unis, etc.), avec, en sus, un DVD du concert donné à New York (au Madison Square Garden), avec, en guest star, un certain Ben Harper.

Et, depuis le 27 juillet dernier, chez ton boucher-charcutier favori, tu peux retrouver l'enregistrement complet du concert donné au Benaroya Hall de Seattle le 22 octobre 2003.

Ce concert était donné en faveur de l'association Youth Care. A moitié acoustique, à moitié électrique, ce concert est réellement magique et surpasse par certains côtés les lives de New York ou de Seattle donnés lors de la tournée 2000-2001.

Le gratteux se trompe dans son solo, la voix d'Eddie est parfaitement enregistrée, le public chante la dernière strophe de Black - j'en ai des frissons à chaque fois que je l'écoute, un dialogue total entre PJ et son public.

On résume bien PJ par ce biais : un chanteur évidemment charismatique, un engagement de tous les instants dans toutes les causes progressistes, et des performances live qui font oublier les albums en demi-teinte.

Eddie

C'est la figure de proue du groupe ; sa voix chaude, profonde, parfois rageuse est un vrai régal. Il est rare de le prendre en défaut sur une chanson, hésitant, ou sur les nombreux enregistrements de concert dont on dispose, qu'il se mette à détonner.

Il lui arrive heureusement de blaguer avec son public, voire de leur raconter une petite histoire (cf. l'album enregistré à Cardiff, où il raconte sa rencontre avec une femme de ménage auto-proclamée fièrement "Mrs Mo'h" - Madame Serpillère).

Lors du dernier concert de la tournée 2000-2001, quand enfin PJ revient à Seattle, il ouvre le concert par un

"c'est merveilleux de se retrouver chez soi, avec les clefs de sa maison dans sa poche".

Nature, il l'est aussi, quand il improvise (très souvent sur Daughter), parfois pendant plusieurs minutes, empruntant des paroles à Neil Young ou Ben Harper sur un air qu'il invente avec ses collègues, au fur et à mesure.

On peut regretter que son chant ne soit pas plus mis en avant dans les enregistrements, et heureusement que l'album du Benaroya Hall rattrape cet écueil.

L'engagement

Ils ont dû être surpris, les Etats-Uniens de l'époque, tévéspectateurs de base de MTV, de voir Eddie monter debout sur la batterie, et marquer au feutre noir sur son avant-bras "PRO-CHOICE" lors du concert "Unplugged", en 1992. (Pour ceusse qui auraient raté une marche, PRO-CHOICE, c'est le mouvement qui s'oppose aux anti-avortement (PRO-LIFE).)

Nécessairement "de gauche", Pearl Jam va même plus loin. En pleine campagne présidentielle 2000, ils appellent publiquement à voter :

a) tout court, c'est déjà ça de gagné, considérant que plus de la moitié des électeurs ne sont pas allé aux urnes en 2000 - on a vu le résultat.
b) si possible pour Ralph Nader, le candidat "vert", alternative au duel Démocrates / Républicains.

Alors, quand cette année, j'ai lu quelque part que PJ, Ben Harper, R.E.M et Springsteen allaient donner des concerts en faveur de Kerry (n'importe qui sauf Bush, en fait), je n'ai pas sourcillé. C'est tellement évident.

Vivants

Les albums studio ne sont plus qu'un prétexte. Les deux derniers sont extrêmement décevants (à part peut-être pour Riot Act, le dernier à ce jour, dont certaines chansons sont plus qu'honorables).

J'ai personnellement un faible pour l'album Vs. Pour moi, c'est l'album parfait, toutes les chansons sont parfaites, les paroles parfaites, la musique parfaite, l'enchaînement des morceaux impeccable (au point qu'il est impossible de l'écouter autrement que de la première à la dernière chanson - pas de grapillage, pas de "random"). Et si j'avais une baguette magique, je déplacerais la chanson Faithful de l'album Yield vers Vs., histoire de le rendre encore plus parfait.

Mais Pearl Jam est un groupe de concerts. Il faut l'accepter ou laisser tomber. Il n'y a que sur scène qu'on retrouve cette énergie, cette communion avec le public qui rend au centuple ce que les artistes lui donnent. Et l'album du Benaroya Hall en est la preuve intégrale. On vole littéralement en l'écoutant, l'alternance acoustique / électrique en fait un concert complètement atypique, franchement improbable, la suprise est au rendez-vous, chaque début de chanson recèle un suspense délicieux : quelle chanson ? une reprise ? en acoustique ? non ? y'a un solo ?

La voix d'Eddie est à son maximum, suave, bien placée parmis les instruments, vibrante, bouleversante, parfois ; malgré une petite erreur de solo au début du set, Mike McCready s'offre une standing ovation pour un solo sur All Or None.

Franchement, si avec ça, t'es pas convaincu d'aller te payer deux petites heures de Pearl Jam, c'est à pleurer...

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