Un jeu d'enfants
Mar 26 octobre 2004
J'inaugure ici une suite d'articles consacrés à l'utilisabilité des
logiciels, à la ligne de commande vs. la souris, etc. Au début, j'avais
projeté de faire un seul article, mais devant sa longueur, j'ai décidé
d'en faire une série.
Ils seront tous dans la catégorie "utilisabilité".
C'est suite à un commentaire de
steph que
j'ouvre cette série.
On reprend :
Faudrait demander à Euskal Lug de mettre à l'ordre du jour la création d'un Linux 'plug and play'. Un truc aussi simple à installer et utiliser que Windows. Tant que ceci n'existera pas, Linux restera cantonné aux bidouilleurs de la micro. Mais d'après ce que j'ai lu dans tes posts précédents, on s'en rapproche de plus en plus de cette version 'tout public'. Tant mieux, j'essaierai à ce moment la.
Cette remarque, on l'entend très souvent, et durant la réunion du 7
octobre, ce type de
cliché par rapport à Linux et aux logiciels libres a été évoqué.
Je ne veux pas tomber dans l'évangélisme Linuxien non plus, Linux n'est
pas "parfait", et toutes les distributions ont des défauts. On sait
depuis longtemps que le programme parfait n'existe pas.
Chapitre I : Au commencement était la ligne de commande
(au passage, c'est le titre d'un livre de SilverbergStephenson -
"In the beginning was the command
line")
On fait souvent le reproche à Linux que "tout se fait par ligne de
commande, c'est compliqué, la souris, c'est plus simple...".
Mais on oublie un peu (à tort) que les tous débuts de l'informatique,
que ce soit sur Amstrad, Commodore, Thomson ou autres ZX-80, TOUT
(ou presque) était à base de ligne de commande. Il n'y avait pas de
souris, qu'un clavier avec lequel tout se faisait : charger une cassette
ou une disquette, charger un programme, le lancer, "jouer" avec (pour
les jeux comme pour les programmes sérieux).
Sans oublier les centaines de lignes de basic qu'on tapait (moi qui
dictais, mon père qui entrait les instructions au clavier) avant de
pouvoir faire "run monjeu.bas".
Et qui utilisait ce genre de commandes
ultra-compliquées-que-même-la-nasa-elle-sait-pas-faire ? des mômes. Des
mômes comme j'étais, moins de dix ans, tapant à deux doigts sur le
clavier à grosses touches mécaniques. Pas des ingénieurs BAC+18, non. De
simples mômes.
Durant les années 90, même si Windows commençait peu à peu à s'imposer
sur les PC, le DOS restait un outil puissant.
Je ne suis pas particulièrement nostalgique de cette époque - de manière
générale, même, j'aime plutôt dire que la nostalgie est un poison
mortel - mais je me rends compte que mon petit cerveau d'adolescent
était capable de maîtriser quelques dizaines de commandes DOS, parfois
plutôt complexes. Parfois, il fallait configurer manuellement les
fichiers de démarrage de windows pour charger les modules minimum dans
les 640Ko de mémoire vive dont on disposait, certains jeux étant trop
gourmands par rapport à une configuration de base.
Que s'est-il passé ? Je pense que le standard "kalasouri" sous Windows
(initié par Macintosh, rendons leur hommage...) a fait l'effet d'un
lavage de cerveau auprès des utilisateurs lambda. Il peut paraître plus
naturel de glisser-déplacer un groupe de fichiers d'un répertoire à un
autre, mais on ne fait guère plus que
$ mv monfichier monemplacementdestination
.
Ca prend peut-être plus de temps à taper, mais la manoeuvre est
strictement identique. Ce qui fait que la souris n'est, pour ces
opérations de base pas indispensable !
Par contre, si on parle d'un jeu d'action (souris et/ou joystick), ou
d'un programme de retouche d'images (souris et/ou tablette graphique),
le clavier ne sert presque à rien.
Lentement, le clavier est devenu un appareil étrange, éventuellement
posé près d'un écran, et ceux qui l'utilisent apparaissent comme de
dangereux magiciens. C'est pas pour me vanter, mais je sais que je tape
relativement vite, à tel point que certaines personnes me regardent
bizarrement quand je saisis un texte en regardant ailleurs que mes
doigts. J'aime taper. Ça n'a pourtant rien d'exceptionnel. Doit y
avoir des millions de dactylos qui connaissent leur clavier bien mieux
que moi. La différence, c'est que je connais aussi les raccourçis
clavier. Et dans mon métier, on va souvent beaucoup plus vite au clavier
qu'à la souris.
Compliqué, la ligne de commande ? le clavier ? Il suffit d'avoir au moins un doigt.