Pas pratique, moche, encombrant
Mar 02 novembre 2004
Cet article est le deuxième volet d'une série d'articles concernant
l'utilisabilité des logiciels.
Voir l'article
précédent.
Pour la petite histoire, cet article n'était pas du tout prévu dans mon
plan initial, mais en testouillant WAMP5
aujourd'hui au boulot, j'ai eu l'impulsion de ce râlage en bonne et dûe
forme.
J'arriverai jamais à comprendre certains trucs.
PhpMyAdmin est une application "front-end" pour
MySQL, écrite en PHP.
Quand j'ai commencé à me mettre à PHP, c'est à dire vers l'été 2001,
phpMyAdmin pesait quelques centaines de Ko, moins d'un méga, en tous
cas. C'était une appli rapide et sûre, brute de fonderie, certes, au
design peu attrayant, re-certes.
Mais on n'a jamais demandé à un marteau d'être séduisant, après tout. Sa
seule fonction, c'est d'enfoncer un clou. Qu'il soit peint en rose ou en
vert ne changera pas son mode d'emploi, ni son efficacité.
Le logo du phpMyAdmin que je reconnais, c'est celui-ci :
Et voici le nouveau :
Berk. Il encombre complètement l'écran, bouleverse la mise en page de
l'application, n'a rien à voir avec la choucroute (un voilier ? un
rapport avec le dauphin MySQL
?).
L'application s'est également "enrichie" d'une foultitude de petites
icônes qui font "zouli" (un feu rouge pour "état du serveur", un crayon
pour "modifier"). Si tu ne me crois pas, va donc faire un tour sur
l'espace de démo.
Quand j'étais chez i-wam, le front-end utilisé était
eSKUeL (sic) :
Parce que c'est plus joli.
La démo est ici
Ben je peux te dire qu'à l'usage, eSKUeL a largement moins de fonctions
et représente une perte de temps considérable - essaie donc de faire des
modifications manuelles sur l'ensemble d'une table, un vrai bonheur de
complication. Sans parler du temps de chargement des pages, largement
alourdi par l'interface graphique. Pour rien.
Ah, si, pardon, pour faire joli.
Maintenant, phpMyAdmin pèse plus de 2Mo (oui ! oui ! Deux mégas), dispose de bidules purement cosmétiques (dessin des relations entre tables, génération en PDF du dictionnaire de données - incluant fpdf, une gestion des skins - ah ! la bonne blague). Et attention ! je n'appelle pas la traduction en 47 langues une fonctionnalité cosmétique, l'internationalisation d'un logiciel est largement plus importante que toutes les icônes de la terre.
Je comprends pas. Où s'est donc situé le virage ? On partait d'un simple
marteau destiné à enfoncer un clou le mieux possible, et une fois que la
tête du marteau a pu bénéficier de tous les avancées des technologies en
terme de matériau, on se met à peinturlurer le manche dans tous les
sens, pour le rendre plus "convivial", ce qui l'alourdit, le rend
glissant, limite inutilisable.
Faire évoluer une application, c'est bien, mais la surcharge des
dernières versions de phpMyAdmin ressemble à du tirage à la ligne, du
raccroc. Il faudrait que les développeurs des logiciels (libres ou non)
se rendent bien à l'évidence. Quand une appli remplit à 100% son but
initial, ça ne sert vraiment à rien de rajouter quoi que ce soit de
plus. Ca fait partie du cycle de la vie d'un programme, même si les
analystes à la MERISE ne l'admettent que rarement : une application
meurt. Il faut s'y faire. Et il faut y penser même quand on commence
à la développer. C'est pas moi qui le dit, c'est Kent
Beck. Et ce n'est pas parce que le
développement de l'application est terminé qu'on ne peut plus s'en
servir. C'est même mieux. Une fois l'outil performant et stabilisé, il
peut servir pendant des années sans soucis. Les seuls ajouts qu'on
pourrait admettre seraient des patches de sécurité ou des mises à niveau
de certaines bibliothèques externes.
Je suis intiment persuadé qu'un marteau n'a pas besoin de servir de
machine à café.