Le jmenfoutware
Jeu 09 décembre 2004
[via Simon Willison]
Un article dans le magazine Wired m'a fait
grogner, et
continue de me faire grogner. Pourtant, ça date de quelques jours. Je
trouvais pas l'angle d'attaque correct pour en parler. Essayons.
Pour résumer, ça fait à peu près ça :
- Mais pourquoi tu utilises [xyzkwwwkz] ? C'est plein de spywares et d'espions...
- Oui, mais c'est gratuit, non ?
- Gratuit, oui, c'est vrai, mais ça leur donne pas le droit de fouiller dans ton disque dur quand même...
- Ben en même temps, si c'est le prix à payer pour avoir un programme qui marche...
Voilà. On s'en fiche, on s'en fout. Alors que des alternatives
Gratuites et Libres existent, l'utilisateur lambda préfère laisser
aller son instinct de grosse tanche bourrée à la bière de supermarché et
"boarf ! après tout".
Mais en fait, j'ai déjà été confronté au truc. Mais j'étais incapable de
trouver des termes simples pour expliquer à quel point j'étais déçu,
énervé, dégoûté, affligé, apitoyé. En même temps, je voulais pas agonir
d'insultes la jeune abeil\^H\^H\^H\^H\^Hfille à qui j'essayais de faire
comprendre pourquoi c'était *mal*.
Mais j'y arrive pas, alors, j'vais faire dans le brutal. Tant pis. Pardon d'avance.
Procédons par ordre, déjà...
Baisser les bras
HE ! LE BOULET ! CA TE PLAIRAIT QU'ON POSE UNE WEBCAM DANS TA SALLE DE
BAINS, TA VOITURE, TA CHAMBRE ET DES MICROS DANS TON BUREAU ? mais
gratuit, tout ça, alors, ça te dérange pas, pas vrai ?
C'est ça le
spyware (tu
peux lui préférer l'immonde
espiogiciel).
C'est ça les back-doors. Tu donnes accès à ta vie privée. Ton ordinateur
t'appartient, au cas où ça t'aurait échappé. C'est comme ta maison. Tu
donnerais tes clés de maison à un inconnu ? Oui ? Ah, bon, pardon. Donc
tu peux zapper le reste de l'article. Je continue pour les autres.
Donner la possibilité à un tiers d'observer des portions de ton disque
dur, de communiquer des informations personnelles via une communication
internet, c'est renoncer. Renoncer à ses propres libertés, c'est la
négation de toute forme de démocratie, d'une manière ou d'une autre. Et
y renoncer sans se défendre, c'est une marque patente de stupidité
animale. Ca veut dire que non seulement on part à l'abattoir, mais en
plus, on signe des deux mains le formulaire de remerciements.
Je ne peux pas imaginer que les gens puissent avoir lâché la rampe à ce
point-là. Nous vivons dans une société dans laquelle les libertés
fondamentales sont bien établies, solides. On peut aller et venir,
s'exprimer librement. On pouvait penser qu'il n'y avait que les
staaaaaaaaaars qui pouvaient avoir des soucis de protection de la vie
privée (merci les tabloïds), en fait non.
Même le vulgus pecum a le droit d'être protégé, dans la vraie vie
comme ailleurs. Il a le droit de ne pas être exclusivement considéré
comme un consommateur, une vache à lait qu'on exploite en faisant avaler
n'importe quoi (mais c'est gratuiiiiiiiiiit).
C'est un choix de vie, de société. Si tu veux continuer de te faire
laver le cerveau par TF1 et consors pour qu'on te vende n'importe quoi,
c'est que tu ne mérites même pas d'en avoir un, de cerveau. Ce mouvement
panurgéïque qui consiste à baisser les bras et se laisser bouffer par le
système, ça me démonte.
Alternative
Ben bien sûr qu'on peut avoir des produits gratuits sans avoir à se
faire faire un enfant dans le dos. Ca s'appelle les Logiciels Libres.
L'immense avantage des LL, c'est que le code source est disponible.
Alors si jamais par malheur il y avait des espions cachés dedans, ça
serait immédiatement vu et le code incriminé serait jeté aux
oubliettes.
Y'a aussi des freewares qui font tout à fait bien leur travail, malgré
le fait de n'être pas libres.
Mais je t'en conjure... Evite comme la peste ce sentiment de
laisser-aller, d'abandon de poste.
Réveil
La prochaine fois que tu auras à installer un programme plein de portes dérobées, essaie de te souvenir de cette superbe 'fortune' affichée sur slashdot alors que je rédigeais l'article :
A hundred thousand lemmings can't be wrong!
Traduction possible :
Cent mille moutons de Panurge ne peuvent pas se tromper !