Retransmettre le conseil municipal en vidéo
Dim 19 février 2006
[via Moris Dia]
Avis à tous les podcasteurs / vidéocasteurs de la blogosphère : tous les
citoyens de France et de Navarre ont le droit absolu de diffuser les
délibérations du conseil municipal, en audio ou en vidéo.
Moris vient d'en faire la
démonstration, jeudi
dernier, durant le conseil municipal de ma bonne ville de Bayonne. Après
s'être consciencieusement renseigné sur la question, il s'est amené dans
l'hôtel de ville avec une caméra, a commencé à filmer. Le maire, Jean
Grenet, pour qui ce genre de captation était une première, s'est d'abord
interrogé, puis a parfaitement validé ce droit de rendre public les
débats municipaux par ce biais. A condition bien sûr :
- De ne pas troubler les débats, ni d'y intervenir
- de ne pas porter atteinte au droit à l'image des personnes visibles / audibles sur ces vidéos
En fait, Moris vient de nous révéler que des débats publics sont
publics. Ca a l'air d'être un truïsme, mais c'est beaucoup plus profond
que cela. De l'extérieur, on aurait peut-être tendance à croire que les
débats du conseil municipal sont une sombre réunion, et qu'à part par le
biais d'un bulletin d'information, personne ne peut prétendre y
assister, et en savourer le contenu.
Le droit d'assister à un CM ? Totalement légal. Tout un chacun a
parfaitement le droit de s'y rendre.
Le droit d'en retranscrire les débats ? Ben... c'est un peu la
république en marche. Qu'est-ce qui nous empêcherait d'avoir accès en
direct (ou en différé) à ces débats, sous une forme lisible (les CR),
audible ou visible ? Il me semble que les délibérations du conseil
doivent absolument se faire dans la transparence la plus absolue.
Comment croire un compte-rendu si on n'a pas la possibilité de le
confronter soi-même avec un enregistrement ?
Le droit de le diffuser ? Si on ne l'avait pas, on pourrait parler de
censure.
Moris le confirme :
Dans notre cas des débats du Conseil municipal, les conseillers sont des personnalités publiques qui exercent de surcroît lors d’une réunion publique. Donc, pas de crainte.
Et quel meilleur média que le web pour les diffuser ? Même si la "fracture numérique" reste toujours béante, le web permet de donner à tous les citoyens un accès sans restriction aux informations qui le concernent directement. Les procès-verbaux des réunions sont déjà des preuves de la transparence de la vie politique, mais quand on peut voir de ses yeux, et entendre de ses oreilles les débats... n'est-ce pas encore mieux ?
Pour moi, l'initiative de Dia est encore plus remarquable. Combien de
communes diffusent-elles les délibérations des conseils municipaux en
images ? Combien sont filmées ? Nous sommes d'accord, les journalistes
reporter d'images ne peuvent pas être partout. Avec trente-six milles
communes en France, plus les fameux arrondissements des Kapitaliens, ça
ferait beaucoup trop à tourner, monter, filmer, diffuser. Sans compter
les débats publics des conseils généraux, régionaux, des Assemblées
Nationales ou du Sénat... Bref.
Si le journalistes ne peuvent pas être partout, les blogueurs, eux, ils
y sont, partout. Ou du moins, ils peuvent y être ! On met parfois en
opposition blogs et presse. La tendance actuelle était à intégrer les
blogs dans les médias traditionnels. Et si les blogs étaient des
compléments à la presse ? S'ils rendaient compte des tous ces petits
riens qui font le tout dans lequel nous nous trouvons ? S'ils étaient là
pour combler les interstices ? Pour les JRI, les gros cailloux, pour les
blogueurs, le sable... Le blogueur est aussi un chroniqueur, un témoin
de son époque. Même les posts les plus anodins sont des indicateurs de
ce qu'est la vie de Sapiens Sapiens au XXI° siècle après Joshua. Rien
ne les empêche d'en faire un tout petit peu plus, et de devenir des
rapporteurs.
Sur le nombre, y'en a bien quelques uns qui auront l'envie, le matériel et la motivation nécessaire pour aller fourrer leur nez dans les coulisses de la République, et révéler à tout le monde ce qui s'y passe.
En tous cas, le cas Moris Dia pourrait bien faire école : la démocratie ne s'en tirera que mieux.