Roller Enterré Hier
Jeu 28 juin 2007
Hier soir a sonné le glas de ma relation avec l'association Roller Euskal Herrian, et plus largement je pense, le roller tout court.
L'assemblée générale ordinaire qui s'est déroulée hier a signifié que
j'avais hélas raison sur un point : REH est peuplé d'individualistes.
Aucun bureau n'a pu être désigné pendant cette AG. Seuls deux candidats
éligibles (dont aucun "ancien") se sont présentés, et c'était largement
insuffisant. La honte.
D'après les statuts, une AG extraordinaire doit se tenir sous quinzaine
et décider ou non de la liquidation de cette association.
Rassurez-vous, débutantes et débutants ! pas besoin de savoir faire un
powerslide ou de slalomer sur une jambe pour siéger à un bureau
d'association. Ce n'est pas par la valeur dans le sport qu'on jugera un
bureau, mais par le fait qu'il rassemble, dynamise, motive les adhérents
à venir régulièrement aux rendez-vous, par sa force de proposition, et
l'enthousiasme qu'il génère.
J'espère qu'un bureau sera formé durant cette AG. Sinon, nous aurions
gâché de nombreuses heures de notre vie.
Moi qui évite tant que possible la nostalgie, je me retrouve à me
remémorer les beaux moments, les belles rencontres que cette association
m'a permis de vivre. J'ai commencé en simple visiteur, puis en adhérent
piéton, en secrétaire ou secrétaire adjoint. J'ai participé aux 24h du
Mans en accompagnateur et en organisateur. J'ai enduré des tempêtes et
poussé mes coups de gueule. Puis je me suis lentement écarté de la
troupe.
Ma position de "président consors" m'a permis à la fois de garder une
forme de contact distant avec l'association, tout en restant informé en
première main, et, si besoin, faire quelques rappels historiques ou
donner des conseils ponctuellement.
Mais au bout de la cent-douze-millième engueulade contre les imbéciles trop aveugles et imbus de leur personne, contre les trolls sans vergogne qui peuplent la plèbe, contre les égoïstes, égotistes, élitistes, massacreurs d'un esprit depuis longtemps oublié, j'ai baissé les bras.
De membre permanent du "cours de banc" de REH, je suis passé à "épisodique". Puis à "abstentionniste", tout court. Les gens que j'aime et que je respecte, je sais que je peux les voir en-dehors des cours ou des événements de REH. J'ai leur téléphone dans mon répertoire, leur email dans mon carnet, et je peux compter sur eux pour une sortie, un café entre amis, une après-midi à regarder les vagues sur l'océan.
Je ne suis pas haineux. Pourtant j'ai souvent coléré. Inlassablement, jusqu'au dégoût. Je suis surtout fatigué de me rendre compte à quel point tout vieillit, se pervertit, rouille et s'écroule sous le poids des ans. Et je me dis que, sous peu, plus personne n'aura souvenir d'un certain Piéton, qui siégeait au bureau de cette association. Je me dis que tôt ou tard, les mémoires s'évanouiront. Que les petites histoires qui ont fait la grande s'effaceront. La grande amnésie est en marche, téléguidée ou pas.
Je me dis que tout de même, la génération des débutants d'aujourd'hui
viendra remplacer celle des anciens, et ils pourront sans doute écrire
leur propre histoire. Et c'est une bonne chose.
Je me dis que, malheureusement, l'esprit qui prévaut depuis quelques
années à REH persistera, dans une ambiance d'individualisme, de tirage
dans les pattes, d'agressions caractérisées, de mensonges, de laideur,
de faux-semblants ; la négation de la solidarité, le rejet des idées
neuves, le refus de tendre la main à celui qui a besoin d'aide. Et c'est
une chose mauvaise.
Je n'espère qu'une seule chose, c'est que cette association subisse un putsch salvateur, qui nettoiera les écuries d'Augias. Que ceux qui ont tenu le "pouvoir" (toutes proportions gardées, il ne s'agit tout de même que d'une association loi 1901) se fassent éjecter par une génération de gens responsables, posés, qui mettent la sagesse avant toute autre considération et prouve que l'altruisme n'est pas une idée morte.
Pour ma part, cela ne me concernera plus.