La bouffe, le sujet obligé
Mar 27 mai 2008
[via Prax]
- Franchement, tu veux pas un peu de poulet ?
- Mais non, je te dis. J'aime pas, j'aime pas. Je peux pas, c'est tout...
- Tu sais pas ce que tu manques, franchement... Ce poulet-banane, c'est le régal.
- Le régal si tu aimes. J'aime pas. Et la banane, c'est pareil. Je berke. On va pas en faire un plat, non plus.
- T'aimes rien, toi.
- Mais si, j'aime des trucs. Plein. Euh... Les framboises, par exemple.
- Ouais, super. Tu fais un super-repas, avec ça...
- Ben attends, y'a pas que les framboises dans la vie... euh... bouge pas... Euh... La Xuleta !
- La quoi ?
- Xuleta. Tu imagines une entrecôte épaisse comme ac', et tu multiplie par deux l'épaisseur. C'est tellement tendre que tu peux le couper avec le tranchant de ta main. Du gros sel et roule. Même pas besoin de légumes.
- Carrément...
- Oh ! et la soupe de poissons alors. J'adore ça, j'en avalerait des litres.
- Ouais pas mal... Ben on a presque un menu avec ça. Tu nous fais ça quand ?
- Faire quoi ? De la soupe de poissons ? Heh... Tu me verrais avec une casserole dans les mains... C'est comme si tu donnais un manuel d'utilisation de sonotone en braille à un sourd.
- Ah ah ah... Non, franchement, tu sais quand même cuisiner un minimum, non ?...
- Minimum... ça doit être le mot, oui. Faire chauffer des boîtes. Cuire des pâtes. Faire des oeufs à la tomate. Tout ce qui dépasse trois ingrédients, pour moi, c'est la Quatrième Dimension.
- Des quoi ? Des oeufs à la tomate ? Connais pas, ça... on fait comment ?
- Hein ? Tu connais pas ? C'est la recette la plus simple du monde. Des oeufs, du coulis de tomate. Tu fais revenir un petit peu ton coulis de tomate, avec éventuellement du sel, du poivre, des herbes de provence, ce que tu veux, et ensuite tu rajoutes les oeufs comme si tu voulais les faire cuire au plat. Quand le blanc commence à cuire, tu le mélanges avec ton coulis de tomate histoire de faire un genre de bouillasse. C'est pas joli à voir mais c'est super-bon. Hypra-simple.
- J'connaissais pas... J'essaierai. Ben tu vois, tu connais la cuisine ! Je vais au bar, commander à boire, tu veux quelque chose ?
- Un café, ça ira.
- Euh, c'est tout ?... T'as pas peur que ce soit trop fort pour toi, comme hors-d'oeuvre ?
- Ta gueule. Te fous pas de moi. Je vais quand même pas me gaver de Guinness à quatre heure de l'après-midi, non ?
- Hé hé...
- ...
- Bon, allez... J'espère que tu comptes pas t'arrêter à la fameuse recette des oeufs à la tomate, non ?
- Si, pourquoi ?
- Beuh... T'as pas envie d'apprendre à faire d'autres trucs ? Des plats plus...
- Pas spécialement. C'est pas mon rêve d'apprendre à cuisiner.
- Quand même, c'est agréable de manger un truc bon, un truc qu'on a fait soi-même. Cuisiné avec des bons produits que tu as toi-même sélectionné, tout ça, passer quelques heures devant les fourneaux à perfectionner la recette, ajuster, goûter, améliorer...
- Moé. Tu sais, la complexité n'est pas forcément gage de bon goût. J'ai un souvenir ému d'une raclette cantal-crevette à crever la plafond. Et y'a pas besoin de passer des heures devant un fourneau. Tu colles ton fromage dans l'appareil à raclette, une fois fondu, ça coule sur ta crevette, tu souffles dessus et tu peux damner n'importe quel saint du paradis avec.
Bon, allez, aux suivants.