John Fitzgerald Obama
Mer 05 novembre 2008
La campagne électorale états-unienne est terminée. Elle fut grande, elle fut belle, et elle a apporté un résultat historique, s'il en est. Mais le temps des discours est terminé.
Quand je me suis réveillé, ce matin, je savais déjà, grâce au site fivethirtyeight.com que la victoire d'Obama était quasi-certaine. Aussi, en allumant le poste et en voyant dix secondes de son discours de Chicago, je n'étais pas étonné. J'ai de suite pensé "ben il en a du pain sur la planche". Et j'ai plongé une tartine à la confiture poire-vanille de maman dans mon chocolat.
Dans la voiture, tout frissonnait des mots que j'avais déjà entendu : historique, première fois, espoir, changement, promesses. Ce n'étaient que des mots.
En arrivant au boulot, je prenais acte des microlivebloggings, des compte-rendus, des articles dythirambiques. La carte des résultats du NY Times ressemblait à s'y méprendre à celle de Nate Silver. En fait, le modèle mathématique avait annoncé 49 résulats corrects sur 50. Remarquable. On en touchait quelques mots entre collègues. Une fois encore, ce n'étaient que des mots.
Et puis, au soir, à la faveur d'un détour de mon aggrégateur RSS, j'ai pu aller voir la galerie de 35 photos proposée par "The Big Picture". Et c'es là que les mots se sont matérialisés. Et qu'effectivement Barack Obama, la super-star de la campagne, celui que 80% des français préféraient à McCain est devenu Président des USA dans ma tête.
J'ai frissonné. J'ai commencé à avoir peur. Peur d'une Oswalderie, d'un chtarbé du KKK qui aurait la mauvaise idée de raccourcir le mandat d'Obama. Mais peur aussi qu'il déçoive.
Par définition, un vote, c'est l'expression de la confiance. Quelqu'un se présente devant toi : il veut te représenter auprès de tous les citoyens du monde. Il est ta voix, l'expression de tes intérêts et des intérêts de ceux qui t'entourent. En envoyant ton bulletin dans l'urne, tu lui dis : je te fais confiance
. C'est cela, un "mandat". C'est quand on envoie quelqu'un faire quelque chose à sa place. Le vote, c'est la confiance. C'est aussi l'espoir. Voire même, en ce qui concerne Obama, la croyance. On dirait que ceux qui ont soutenu le candidat démocrate l'ont fait parce qu'ils ont éprouvé la foi en ce candidat. C'est presque une attirance mystique qu'il dégage qui a pu convaincre les électeurs de se prononcer pour lui.
C'en devenait alarmant d'ailleurs de voir la croyance l'emporter sur les idées. Je m'étais pris à douter : est-il capable ? peut-on réellement lui faire confiance ? peut-il être à la hauteur ?
Personne ne le savait. Et d'ailleurs, personne ne le sait. Pas aujourd'hui. Même ceux qui croient ne savent pas. C'est en cela que le vote, c'est de la confiance.
Alors que peut-il arriver de pire ? Qu'il la trahisse, cette confiance. Que malgré l'immense espoir qu'il a généré, malgré les discours, il n'y arrive pas. Qu'il manque de temps et de moyens. Que la crise financière, devenue économique, flanque véritablement les USA et par effet domino le reste du monde. Que les droits de l'Homme continuent de régresser en Chine, en Birmanie, et partout ailleurs. Que la guerre en Irak perdure. Que d'autres se préparent. Que l'administration Obama ne vaille pas mieux que les autres.
C'est pour ça que j'ai dit que la campagne était terminée. Le président du premier pays du monde (dit-on) a effectivement du pain sur la planche. Et il n'a pas intérêt à lambiner s'il ne veut pas voir tous ceux qui ont crû en lui se sentir trahis et abandonnés. Là-bas. Comme ici.
Bonne chance.