Quatre mois en télétravail
Jeu 17 octobre 2013
Cela fait donc quatre mois déjà que je travaille pour Novapost, en télétravail. Depuis ma maison (bureau ou terrasse ou véranda en fonction des conditions) ou depuis l'espace de coworking le plus proche, une fois au café, et de temps à autre en duo avec Benoît, qui habite Bayonne maintenant.
Histoire de jouer les anciens combattants, j'ai dû adresser mon premier e-mail quand j'étais à l'IUT de Bordeaux, en 1992. et mon premier e-mail vers "l'extérieur" la même année ou celle d'après (c'était - je m'en souviens encore - à l'administrateur du projet Runeberg, à propos d'une saga islandaise - oui, déjà, l'Islande).
Je suis développeur web depuis 2001. Les forums, IRC, les e-mails, les blogs et leurs commentaires, RSS, ça me connaît, hein. La communication électronique sous toutes ses formes, je maîtrise. J'suis une bête. J'suis à donf.
Que dalle.
Eh bien en télétravail, quand on s'adresse à des collègues, avec comme objectif de résoudre les problèmes qu'on nous pose, de coder, de développer, de trouver des solutions, tout ce que je croyais savoir sur le dialogue électronique n'était qu'une peau de chagrin.
J'avais sous-estimé ce que le contact face-à-face permet de transmettre autrement que les mots. Un sourire, un clin d'oeil, le ton, les mimiques du visage... Toute la communication non-verbale, tout ce qui passe difficilement par du texte brut, toutes ces choses sont le sel de la discussion.
Tu as beau rajouter des smileys, même sur IRC on peut se méprendre sur ton message. Tu peux passer à côté, en lisant en diagonale, d'un élément important.
C'est la grande leçon d'humilité du télétravail. Oui, la distance a des conséquences néfastes sur le travail et sa fluidité. Tu as beau être conscient de cette difficulté, elle est très difficile à franchir ; et le fait de l'avoir prise de haut en rajoute.
Nous faisions un point quotidien en utilisant Mumble. C'était déjà assez sympa d'entendre tout le monde tous les jours. Depuis peu, nous expérimentons une sorte de "Scrum Meeting" via Google Hangout. Même si au niveau organisation ça cafouille de temps à autre, le côté visuel de la réunion ajoute un vrai plus à ce rendez-vous quotidien.
Concernant la concentration et la focalisation, je pense que j'arrive à bien équilibrer les temps forts et les temps faibles. En revanche, je suis un peu déçu : la méthode Pomodoro a disparu de mes rituels quotidiens. Il y a eu une période de l'été où le taf était relativement intense et pratiquement impossible à diviser en périodes de 25 minutes. Sur certaines journées, je dépassais de temps à autre, puis, de plus en plus souvent, puis à la fin, le chronomètre explosait littéralement. Même si je faisais progresser le projet, il était impossible de garder la cadence du Pomodoro.
Rétrospectivement, je pense qu'il faudrait tout de même que j'essaie de m'y recoller, maintenant que cette phase du projet est derrière moi.
La petite famille a très bien compris que ma concentration était importante. Oh il y a eu quelques petites incartades (ma fille qui a débarqué dans le bureau en maillot de bain pour me demander si j'avais envie de me baigner en plein milieu d'une belle après-midi d'été), mais elles ont été très limitées et après une petite explication, la règle "porte fermée, on n'entre pas" a été bien respectée.
Bon, pour mon fils âgé de seize mois aujourd'hui, c'est un poil plus compliqué. Il tape souvent au carreau de la baie vitrée pour me faire coucou quand il est à la maison. Mais ça a un bon côté, son sourire de coquin me redonne plutôt la pêche.
Toujours est-il que malgré ces petits écueils (le présentiel a aussi ses désavantages - le stress des transports, son coût carbone, le temps passé par exemple ?), l'expérience est vraiment plaisante. Quel plaisir d'accompagner à pieds ma fille à l'école et de rentrer à la maison pour démarrer la journée au bon rythme, en ayant pris l'air. Quel confort de travailler en entendant le glouglou de ma cafetière italienne, un café en grains, moulu deux secondes avant dans ma cuisine. Quel pied de passer un moment en terrasse avec le laptop, un petit café frappé à la chaleur de l'été. Oh, s'il fait trop chaud, zou, on se rapatrie à l'ombre.
Et l'ambiance dans l'équipe est plutôt sympathique, enjouée, même si, aux dires d'un de mes collègues, "c'est une équipe d'esprits forts", donc parfois, ça débat et avec une certaine véhémence.
D'ailleurs, si l'envie te prend de vouloir venir télétravailler à la maison, y'a du wifi, du café... viens quand tu veux.