Lettre ouverte au Maire de Bayonne

Ven 07 janvier 2005

Ce qui suit est une lettre que je poste aujourd'hui à destination du Maire de Bayonne.
Je rendrai éventuellement compte de la réponse de la municipalité, s'il y a lieu.

Bayonne, le 6 janvier 2005.

Monsieur le Maire,

J'ai constaté hier soir (5 janvier 2005) que le parking des Allées Boufflers était devenu payant, comme l'indiquait le panneau : "1 Euro, durée de stationnement limitée à 24h".

J'en suis extrêmement contrarié.

Quand je suis arrivé à Bayonne, durant le mois de janvier 2000, j'ai été agréablement surpris par la profusion de parkings gratuits à proximité du centre (Paulmy, Boufflers, Porte d'Espagne, Glain...). Ces dispositifs facilitent l'accès au centre ville, permettent aux résidents de garer leurs voitures à proximité de leur domicile, aux "passants" de ne pas se soucier de l'horodateur pendant qu'ils font leur marché, leurs courses...
C'est une des raisons pour lesquelles je réside à Bayonne depuis cette époque, pour son dynamisme, son côté pratique (rien n'est vraiment loin : cafés, restaurants, commerces, administrations,...), etc.

Je pense que le fait de rendre payant un espace de stationnement à proximité d'une zone résidentielle "populaire" (le Petit-Bayonne) est un mauvais calcul.

Pour ma part, j'habite rue des Tonneliers. Depuis le mois de novembre 2004, j'occupe une place à mi-temps dans une entreprise basée à Bayonne, aux Allées Marines, non loin de l'ANPE. Tous les matins ou presque, je marche environ 20 minutes pour aller au bureau, et tous les midis, je reprends le même chemin en sens inverse pour rentrer chez moi.
Je ne déplace pas ma voiture inutilement, je ne pollue pas, je n'encombre pas la circulation, je fais preuve de citoyenneté. Il arrive donc que ma voiture reste plusieurs jours à la même place, voire même une semaine entière si je n'ai aucun déplacement hors Bayonne.

Pourquoi devrais-je payer un euro par jour pour un stationnement résidentiel ? Il me semblait que les impôts locaux (152 euros cette année) servaient à offrir aux Bayonnais ce genre de service public, c'est à dire la possibilité de pouvoir aller et venir dans sa propre ville sans se soucier du stationnement d'un véhicule qui ne sert pas tous les jours.

D'ailleurs, on constate très clairement que le fait d'avoir rendu payant le parking des Allées Boufflers est un mauvais calcul, parce que depuis qu'il l'est, le nombre de voitures qui l'occupent a au moins été diminué de moitié. Le résultat est spectaculaire : les voitures se garent n'importe où, ne serait-ce que pour éviter d'avoir à débourser un euro par jour. Les habitants du Petit Bayonne sont pour la plupart issus des couches basses de la société, et n'ont pas un euro à dépenser par jour pour un véhicule dont ils se servent rarement.

C'est encore une fois un mauvais calcul, parce que je vise également le projet de déménagement du domaine universitaire vers l'ancienne caserne de la Nive (proche de l'antenne du conseil Général).
Vous connaissez certainement les étudiants : s'ils pouvaient garer leurs voitures dans le couloir qui mène à leur salle de cours, ils le feraient. Certains prennent leur voiture pour faire 200m. Qu'arrivera-t-il lorsque leurs salles de cours se trouveront dans un quartier dans lequel toutes les places auront été rendues payantes ? Je n'ose même pas imaginer.

C'est un mauvais calcul, parce que c'est typiquement le genre de comportement qui a tendance à vider un quartier, une ville de ses habitants au profit d'installation de bureaux, commerces et autres. Vider une ville de ces résidents est un mauvais calcul. C'est le plus sûr moyen de multiplier les problèmes de circulation (et donc de stationnement) à l'avenir, puisque les gens travaillant dans les bureaux auront besoin de leur véhicule pour entrer dans la ville et de les garer toute la journée. De plus, c'est la mort assurée pour tous les services de proximité, qui manqueront de clientèle.

Quand Bayonne sera devenu un immense conglomérat de bureaux et de commerces, qui fera la vie de cette ville ?

C'est pourquoi, Monsieur le Maire, je vous demande de bien vouloir m'indiquer la solution que vous préconiseriez pour ce genre de cas, qui, je l'imagine, n'est pas isolé dans l'agglomération.
C'est pourquoi je vous demande également de bien vouloir reconsidérer la décision de rendre ce parc payant, car à plus longue échéance, il me semble que c'est vraiment une mauvaise chose.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Maire, à l'expression de mes respectueuses salutations.

Bruno Bord.