EUROOSCON - Jour 1

Mar 18 octobre 2005

EUROOSCON - Jour 1 - environ 8h

J'ai (étrangement, n'est-il pas ?) passé une nuit très très très calme. Bon, je me suis réveillé toutes les deux heures environ pour je ne sais quelle raison, quelques secondes, mais en fait, j'ai pioncé comme une grosse tanche le reste du temps.

A 7:30, j'étais déjà fin prêt. A 8h15, j'étais dehors, bondissant tel un cabri vers la place du Dam, et l'Hôtel Krasnapo... Krapnos... vers le lieu de la Convention, quoi.
L'air frais du matin, la lumière rasante, jaune or, les canaux plongés dans l'ombre des bâtiments... je goûte une petite marche d'une dizaine de minutes vers une statue du genre phallique qui trône sur le Dam, accompagnée de deux petits lions, un de chaque côté, le genre gonade métaphorique.

L'Hôtel Krasnapolsky est un palace. Avec chasseur, pléthore d'employés en noir et blanc qui s'affairent tout le temps, marchant (que dis-je...) planant sur une moquette rouge des plus moelleuses. Je me dirige vers le bureau d'enregistrement. Donnant mon nom et mon prénom à une préposée (elle aussi en noir et blanc), qui édite mon badge. Normalement, en-dessous, on peut trouver le nom de la société. Moi, j'ai "France". Ouais. Admettons.

On me remet ensuite une très zoulie sacoche aux couleurs de EUROOSCON, remplie d'une foultitude de pubs pour les divers sponsors de l'événement.
$ mv publicités /dev/null

Et je reçois également un livre des Editions O'Reilly : Open-source for Enterprises. Trrrrrrès intéressant, de ce que j'ai lu. Je le bûcherai trrrrrrès attentivement, moi. Oooooh yes.

Les sessions de la journée ont déjà commencé, aussi je me dirige (aussitôt après un petit café) vers celle qui m'intéresse ce matin "Presentation Aïkido". Et ben non. Ah ben désolé, dans le forfait, y'a pas les "Tutorials". Donc, apeupa.
Bah. Je savais que mon pass n'ouvrait pas toutes les portes, en fait. Sauf que toute la journée de lundi est consacrée aux tutorials, au moins jusqu'à 18h. Ah ben zutalors. Que vais-je faire ?
Pas grave me fait un préposé en "pas noir et pas blanc". Y'a une connexion sans fil disponible, tu peux rester ici à discuter avec des gens, etc.
Ok. Admettons.
C'est alors que je croise Josette Garcia, que j'avais vue au LRL et qui tenait le stand O'Reilly. Une expat' chez les poudingues de longue date. Tellement longue, la date qu'elle parle Français avec un petit accent Anglais et Anglais avec un petit accent Français. Heh. On discute tranquillement pendant une bonne demi-heure, rejoints peu après par Allison Randal, une Américaine qui ressemble tellement à Jodie Foster qu'on croirait qu'elle sait parler Français, elle aussi. M'enfin Josette a dû s'éclipser pour faire son taf, et je me suis confortablement installé dans un fauteuil du hall, carte PCMCIA Wifi bien enfichée dans son slot, à l'attaque du réseau sans fil dispo.
Je dois avouer que ce wifi mis en place par IBM dépote pas mal. Il m'a permis de rattraper mon retard dans mes flux RSS, d'envoyer quelques mails importants, de bloguer, et de discuter un peu avec les copains (outre-manche, en Finlande ou ailleurs).

Voici donc ce que j'ai fait jusqu'à midi, heure du lunch (compris dans le "prix" du ticket. Premier vrai contact avec la gastronomie batave. On m'avait vraiment dit que leur bouffe était absolument horrrrrrrribl-eeeeeuh. Il n'en est rien. C'est bon. Ca vaut pas une omelette aux cèpes de chez Moris ou un confit de canard façon Maya, mais c'est assez goûtu. L'ambiance est assez sympa, et je suis rejoint "à l'improvisade" par deux types que je ne connais pas du tout : Peter (Hollandais) et Ray (Anglais), et nous discutons à bâtons rompus sur les logiciels open-source, libre et autres, la gestion de projets, Ruby on Rails, etc. Très agréable repas, donc, ponctué par un très bon café.

L'après-midi ressemble quasiment à la matinée, sauf qu'en milieu d'après-m', je suis contacté par Treenaks, un Lugradien qui habite par là et travaille à Amsterdam qui me propose qu'on se rencontre vers 16h30. Okay ! On se rejoint au pied du phallus géant et nous partons un peu à l'aventure le long des canaux en quête d'un endroit sympa pour se poser quelque part. Comme il est un peu tôt pour dîner (même si on dîne tôt en Batavie), on se perd un peu dans les rues. Direction Nord, puis ouest, puis Sud... Nous arrivons aux alentours de Leidensplen, où nous avisons un petit restau asiatique (genre Thaï). Je commande Riz frit dans un wok + boeuf et sauce "Hong-kong". Excellent ! Positivement excellent ! Et pas cher (4,60 EUR). Puis on repart vers de nouvelles aventures, pour aller se poser en terrasse d'un bar pour boire une petite binouze.
Treenaks est vraiment un chic type. Et c'est son anniversaire demain, y'aura grosse teuf, je présume (avec comme guest star, Jeff Waugh, monsieur 10x10 - Et Jono, s'il peut). Bientôt, il doit y aller pour ne pas louper son bus, et je retourne au Krasnapolsky.

C'est parce qu'il y a le discours sur l'Etat de L'Oignon. Ouais. Le Perl State of the Onion. J'en ai lu quelques-uns sur le site d'O'Reilly, et je dois avouer qu'ils m'ont tous complètement scotché. Larry Wall est un authentique génie, un type qui a bouleversé la manière de voir les langages de programmation et d'appréhender les problèmes.
Mais dès les premières secondes du discours, je suis extraordinairement déçu. Larry *lit* chaque mot de son discours. Il y met l'intonation d'un élève de primaire. Si son propos est absolument génial, et sa manière de l'illustrer originale, le fait qu'il ânnone est très frustrant. Aucune improvisation, un "jeu de scène" quasi-absent (je le soupçonne même d'avoir écrit : "et là, tu dois te gratter la tête en faisant semblant d'être perplexe"). Y'a même des moments où il trébuche sur un mot, et il se reprend, pour continuer sa phrase comme ça. Très déplaisant.
Ca arrive, il faut s'y faire. Un type peut être un as dans son domaine, et incapable d'en parler, de communiquer, de s'exprimer en public. Il y a aussi des super-cracks, qui manquent totalement de pédagogie, malgré un talent technique certain. En général, ces gens font profs.

Par contre, celui qui suit, [Damian
Conway](http://en.wikipedia.org/wiki/Damian_Conway) est un **PUTAIN
D'ORATEUR**. Il est absolument brillant. En dix secondes, il m'a
complètement bluffé ! Sa présentation est vivante, ses frames variées et
parfois hilarantes. Rien que le titre "Fun with dead languages" en dit
long. Il ponctue chaque chapitre par des locutions latines pour traduire
"Imagine a beowulf cluster of these" ou "Oh my god, they killed kenny", humour typiquement slashdottiens.
J'ai même pleuré de rire durant sa présentation du Langage mort n°1, Lisp. (les parenthèses à répétition, c'est excellent)
Il termine d'ailleurs par une implémentation d'un langage de programmation EN LATIN, utilisant les cas accusatifs, datifs, génitifs pour déterminer les fonctions, les variables assignées et leurs valeurs... L'intérêt de ce langage est qu'on peut interchanger l'ordre des mots, comme en latin, c'est sa déclinaison qui détermine sa fonction dans la phrase. Et dans une instruction dans ce langage, on peut également intervertir les mots.
Il fait une démonstration parlante : une implémentation du Crible d'Erathostène (ça calcule les nombres premiers, tu vois ?) en "Latin", qui renvoie les chiffres I, II, III, V, VII, etc. jusqu'à IM (999, qui n'est pas premier).
Autant dire que les applaudissements ont été extrêmements nourris, ce coup-ci.

Bon. 21h30. L'heure d'aller recharger les batteries du portable. Demain, Jeff Waugh répondra point par point aux "attaques" d'Asa Dotzler qui clamait l'été dernier : "Quatre points qui font que j'affirme que Linux n'est pas prêt pour le desktop". Ca promet d'être bon.