Zéro virgule soixante-deux

Mar 24 janvier 2006

[via Fangorn]
C'est à mon grand regret que je constate le chiffre désastreux fourni par XiTi, relayé par ZDNet, et asséné par PCInpact. Les utilisateurs de Linux (dont je suis) ne représenteraient que 0,62% des internautes européens.

Chblam !

On a beau savoir que Linux est très minoritaire, ça fiche quand même une belle claque derrière la nuque. Je pensais pas qu'on pouvait atteindre une score à deux points, mais moins de 1%, c'est minable, franchement.
Oeuf course, les stats, ça peut être le pire des mensonges. Mais même si on multiplie ce chiffre par deux ou trois, ça reste très petit.

Alors, que faire ? C'est très étrange de constater l'extrême bonne forme des logiciels libres au sein de ses communautés (dont Ubuntu, mais n'oublions pas Mandriva, Fedora, et les autres...) mais il serait vraiment temps de se demander comment attirer le grand public vers les systèmes d'exploitation de type Linux de manière beaucoup plus *massive*.

Est-ce que Linux est réservée à moins de un pour cent de la population ? Nous savons bien que tout le monde *peut* utiliser ce système d'exploitation, quel que soit le bureau qu'on lui associe. Apparemment, ça ne suffit pas, de pouvoir. Encore faut-il convaincre les réticents, démêler les idées reçues, dédramatiser l'utilisation de Linux, simplifier, expliquer... bref... faire quelque chose dont la communauté a peur, quelque chose qui la répugne : du marketing.

Oui, il va falloir "vendre" quelque chose qui ne s'achète pas. Autrement, les systèmes d'exploitations libres seront condamnés à rester marginaux, face à la suprématie de Microsoft. Comment représenter une alternative sérieuse si on ne "pèse" pas plus ?

Je vois déjà plusieurs aires de jeu, qui pourront être développés par ailleurs :

L'école :

Nos chères têtes blondes (ou de n'importe quelle teinte) apprennent sur Windows. Et oui.
On peut s'en scandaliser à loisirs, c'est ainsi. Premièrement parce que les institeurs (oui, je sais, il faut dire "professeurs des écoles" - mais je ne vois pas ce que ça change) n'y connaissent pas grand-chose, que le directeur d'établissement non plus, que *personne* ne sait qu'il existe autre chose que Windows.... Bref. Education Nationale, nous voilà !

Les enfants sont généralement très à l'aise avec la technologie, et ils n'auront aucun mal - eux - à travailler avec l'un ou l'autre des systèmes. On sait que les enfants sont aussi des prescripteurs d'achat. Mais on sait aussi que papa (je prends "papa" comme exemple parce que la technologie est littéralement envahie par des mâles) aura du mal à admettre qu'il est moins doué que son aîné ou que la petite dernière... C'est pas gagné de ce côté-là, mais voyant la facilité avec laquelle les enfants peuvent s'approprier l'outil informatique, on peut être très optimiste. Le seul soucis, c'est justement de leur faire découvrir les OS libres.

Faire des démonstrations dans les écoles ? Aller démarcher les directeurs d'établissements ? Interpeller les régions ? J'suis pas politicien, mais si y'en a qui ont des relations, c'est le moment !
Armes utilisables : Edubuntu (il serait temps que cet outil prenne son envol, pas vrai ?), des présentations claires et nettes, la complicité des enfants...

Au boulot :

La plupart des gens qui travaillent maintenant sont confrontés à un ordinateur (oui, je sais, pas tous). Et comme c'est souvent leur premier contact avec l'informatique, faute de budget pour se payer un PC "à eux", il est déterminant. Parce qu'une fois arrivé à la maison, pour ne pas perdre ses habitudes, l'utilisateur va vouloir "la même chose". Si on arrive à faire rentrer les OS libres dans le monde du travail, je suis sûr que mécaniquement on verra les parts de marché augmenter.

Honnêtement, un employé de base qui doit faire des courriers, produire des tableaux de chiffres plus ou moins joliment présentés, lire/écrire des e-mails et tout le tintouin, il n'a pas ABSOLUMENT besoin des applications propriétaires livrées avec Windows et/ou Office. Il faut également convaincre les décideurs informatiques qu'il est tout à fait possible de se passer de Windows et ses licences (l'argument financier fera sûrement mouche), et qu'en plus, on gagne en stabilité sans presque rien changer de ses habitudes.
Armes utilisables : LiveCD, OpenOffice.

Les médias :

Il arrive parfois, qu'au détour d'un journal un peu éteint, un présentateur se risque à évoquer une nouvelle attaque de virus ou de ver... Personnellement, je n'ai jamais entendu dire "mais seuls les PC sous Windows sont affectés" ou mieux : "Sous les systèmes de type Linux, rien à craindre". Ca mettrait pas un peu la puce à l'oreille des gens ? "Ah ? Tiens ? c'est quoi, ça ? Linux ?"...
Où sont les unes des magazines avec Linus Torvalds à la place de Bilou ou Jobs ? Pourquoi parle-t-on du dernier cri en matière de téléphonie mobile, mais que personne ne mentionne que, par exemple TomTom (un bidule GPS) tourne sous Linux ?
Et les personnes éminement médiatiques sont également des prescripteurs. C'est ce qu'Apple avait parfaitement compris dans les années 80, en donnant à tous les créatifs des Mac à qui mieux-mieux. Comme opération marketing, on fait pas mieux : tout le monde a voulu acheter "le même que Spielberg".
Armes utilisables : Tous les coups sont permis ! sponsoriser des campagnes médiatiques, alerter les organes de presse spécialisés ET généralistes... Que sais-je ?

Il faut sortir du bois.

Article qui aura une suite, je pense.