Démocraties

Ven 19 janvier 2007

Il est aberrant de voir à quel point le Français moyen est un gros con de râleur. Jamais content, jamais tranquille, il faut toujours qu'il ergote, qu'il monte sur ses grands chevaux, qu'il piaille à longueur de temps au troquet du coin ou sur le coin d'une table.
Et avec la présidentielle qu'on se prépare, autant dire que c'est loin de se calmer. Quand on voit que même entre eux ils sont toujours prêts à se faire des chicaneries ; et qu'ils ne sont qu'une vingtaine à tout casser, je te laisse imaginer l'ampleur du pugilat quand les dizaines de millions de votants ou en âge de l'être vont se mettre à l'ouvrir simultanément.

La V° république constitue certes un bon départ, mais elle a le tort, comme toutes les démocraties, d'écraser les minorités par la majorité (pas besoin de rappeler que "la démocratie, c'est le plus mauvais système, à l'exception de tous les autres", hein ?).
J'entends déjà le gagnant de 2007 (ou la gagnante) se pâmer au soir du 2° tour avec des poncifs du genre "je serai le président (la présidente) de tous les Français". Mon oeil. J'ai pas voté pour toi, je ne reconnais pas ton autorité.

À l'ère du bleugue 2.0 ou "on ne sait plus très bien où on en est", de la démocratie participative, tralala, il serait peut-être temps de remettre tout ça à plat, bien tanqué, et d'essayer de contenter tout le monde. La dictature des sondages, ça suffit, place à la poly-dictature.
Si le sondage indique 54% en faveur de machin, ça fait quand même 46% qui sont pour truc. Sans compter bidule, qui a ramassé aussi au premier tour. Et puisque les élections sont faites pour qu'on désigne soi-même son dictateur, j'émets l'idée suivante :

Tout le monde gagne.

Oui.

Comme à l'école des fans. Ça paraît moyennement, voire carrément barje comme idée, mais je ne vois pas pourquoi "mon" dictateur ne pourrait pas décider de "mon" avenir. Puisque j'ai voté pour lui, c'est la seule personne en qui je donne ma confiance, et l'idée m'est insupportable de devoir souffrir 5 ans avec le dictateur d'un autre. Et d'un autre côté, si c'est le mien qui gagne, réciproquement, laïlaïlaï.

Alors je pousse le potentiomètre à fond : on rend le vote public, plutôt que secret, et "la personne pour laquelle j'ai voté" devient mon chef d'état perso. Je n'ai de compte à rendre qu'à lui, et il décide pour moi et la bande de collègue qui aurait voté pour moi. Si je subis une loi, je n'ai qu'à m'en prendre qu'à moi-même, fallait pas voter pour lui. Et d'un autre côté, je me gausse de voir l'Autre se prendre une loi scélérate, qui ne me fera même pas sourciller puisque celle-ci, je l'ai pas dans mon portefeuille.

On peut même étendre tout ça à l'ensemble des élections : chacun son maire, chacun son député, son conseiller général, régional, etc. Enfin nous serons représentés par la seule et unique personne à qui nous avons donné notre confiance.

Chacun son chef. Chacun son tyran. Un tyran choisi, aimé, soigneusement déterminé. Les gens de droite pourront vivre leur droite. Les gens de gauche sauront apprécier leur gauche. Et tout le monde est content.
Même les anars, qui ne votent normalement pas, seront contents : pas de vote, pas de chef. La boucle est bouclée.

Je blague à peine.