Mange-fric solaire

Jeu 28 août 2008

À Bayonne, depuis peu, on a vu apparaître de nouveaux horodateurs. Et attention, pas de la daube, hein ? La même couleur vert-forêt que les précédents, mais d'une minceur à toute épreuve. Fins, élancés...

Mange-fric sous le soleil

Bon, l'ingénieur en charge de l'ergonomie et du design a dû se faire mal aux cheveux en fabriquant cette interface...

Ergonomie

C'est simple et compliqué à la fois. Y'a des icônes dont on ne comprend pas ce que ça veut dire et y'a aucun texte explicatif. Évidemment qu'on peut pas expliquer en texte. Parce que si on commence avec le français, on est obligé de rajouter le basque, l'espagnol, l'anglais, et le gascon, par dessus-le marché. Et là, ça rentre pas. Les icônes ont bien l'air de parler de piécettes, puis d'un bouton machin-chose, et après, y'a l'icône qui dit rien à personne. Ah. Bon. Ben en demandant des explications, il s'agit du ticket qu'on se doit de remettre en évidence sous le pare-brise.

C'est beau la technique. Moi j'étais fier d'expliquer aux vacanciers que non, ils n'avaient pas besoin de retourner à leur voiture. L'ancien système, c'était : je tape mon immatriculation, je mets les sous, et terminé. Pas besoin de refaire à pinces le chemin en sens inverse pour re-repartir ensuite vers sa destination finale... M'enfin maintenant, puisque c'est le progrès, on revient à la bonne vieille méthode du ticket qui s'imprime et qui se glisse en évidence cent mètres plus loin.

À part ça, il paraît que c'est écolo, cet horodateur... Si si... Solaire, qu'il est. J'entends déjà les moqueries. Un horodateur solaire. Au Pays Basque... Une vraie provocation pour les nuages, qui s'en donnent à coeur joie depuis le début de l'été pour masquer le machin jaune supposé réchauffer le sol qui réchaufferait l'air bien gentiment par la suite. Ben non. Solaire, je te dis. Et en plus, ça marche... Enfin, quand ça plante pas. Parce que j'ai entendu pas mal de gens se plaindre que le système a des ratées. On ne peut pas trop le blâmer. C'est normal, on a toujours une période de débogage avant de balancer les prunes à tour de bras.

N'empêche qu'on notera un petit paradoxe : c'est écolo parce que ça fonctionne au solaire, et en même temps, on t'oblige à imprimer un petit ticket indispensable et à durée de vie très limitée. Donc, l'écologie, mouaif. Si on avait gardé le principe du "je rentre mon immatriculation et pas besoin de ticket", on aurait gagné à ne pas progresser.

En revanche, il y a une manoeuvre qui ne trompe pas. L'arrivée de ces nouveaux horodateurs "plus modernes tu meurs" coïncide très exactement avec la disparition de la sacro-sainte "demi-heure gratuite". Quand j'ai emménagé sur Bayonne, je me réjouissais de voir autant de parcs de stationnement gratuits ou à tarif relativement modique. Et je me réjouissais encore plus qu'on puisse obtenir une demi-heure gratuite de stationnement à tout moment de la journée, pour une course, un saut, une commission vite-faite-bien-faite. Je me réjouissais derechef en sachant qu'entre midi et 14h, le stationnement était gratuit, et qu'on pouvait se garer tranquillement à proximité d'un restaurant du centre, déguster la bonne cuisine bayonnaise en prenant son temps, et repartir sans se faire trop mal au portefeuille.

Aujourd'hui, l'addition devient de plus en plus salée. Les plats coûtent 2 ou 3 EUR de plus, et si tu fais longue table, tu peux prendre une prune de 11 EUR. Plus de stationnement gratuit le midi. Plus de demi-heure gratuite en journée. Plus ou presque plus de parc de stationnement gratuit. La vache à lait est rentrée à l'étable. On alimente les caisses au solaire.

C'est marrant, ça. Le fait que ces nouveaux parcmètres coïncident justement avec les nouveaux tarifs.

C'est marrant, ça. Le fait que ces nouveaux mange-fric solaires aient été installés après l'élection de M. Jean Grenet, et pas avant.

C'est marrant, hein ?